Le journaliste Yann Arthus-Bertrand, quand est-ce que… quand est-ce que tu as pris la décision d’arrêter de prendre l’avion ?
Yann Arthus-Bertrand
Alors, ça fait très …. On en avait parlé ensemble. Ça fait un ou deux ans que ça me titille. Et puis, l’autre jour, j’étais à New-York et je lisais le petit bouquin sur Greta, sur les discours de Greta qu’a fait Flore Vasseur… qu’est vachement bien. Et puis voilà. C’est un peu comme quand tu deviens végétarien d’un coup, d’un seul coup, tu décides, BING. Et quand je suis arrivé à New-York, j’ai dit, j’arrête.
Le journaliste
Et pourquoi finalement ?
Yann Arthus-Bertrand
Ben, parce que… d’abord, on est tous incohérents dans nos vies. On est incohérents. C’est-à-dire, tu manges de la viande en sachant que c’est pas bien, que les animaux sont mal tués, que c’est mauvais pour la planète. Tu prends l’avion en disant « C’est pas grave. Je compense. Tout le monde le fait. »
Et puis aussi, une chose qui m’a choqué : en ce moment, ici, on est en train de monter le nouveau film que je fais, qui s’appelle « Legacy » et on est tombés sur un article de Boeing où le patron de Boeing disait « Est-ce que vous vous rendez compte : il n’y a que 20 % du monde, les gens qui ont pris l’avion. Et il y avait le chiffre de 160 millions (cent soixante millions) d’Asiatiques qui ont pris pour la première fois l’avion l’année dernière. Et je me suis dit « C’est incohérent, quoi ! ». Je demande surtout pas aux gens de faire comme moi. Je dis simplement « Moi, j’ai beaucoup volé. J’ai un bilan carbone bien supérieur à tout le monde. Si moi, je le fais pas, c’est encore plus incohérent, quoi ! ».