Nidhal Attia, activiste – Réseau Tunisie verte
[…] l’embarquement, t’as les conteneurs…
Voix off
Cette image, Nidhal, 34 ans, activiste écologiste, ne l’aurait manquée pour rien au monde : le chargement de 213 containers[1] bourrés de déchets. Les mafias comptaient les enterrer en Tunisie, dans le plus grand secret. Ils repartent vers là d’où ils sont venus, le sud de l’Italie.
Nidhal Attia, activiste – Réseau Tunisie verte
C’est un jour peut-être historique pour la société civile, pour les activistes parce qu’on a atteint notre objectif, celui d’imposer le retour de ces conteneurs.
Voix off
Il aura fallu près de deux ans de combat.
Houssem Hamdi, activiste – Réseau Tunisie verte
C’est une manif qu’on a faite[2] près de l’ambassade italienne.
Voix off
Houssem, 39 ans, se souvient des manifestations, communiqués, plaidoyers que les activistes ont dû mener.
Houssem Hamdi, activiste – Réseau Tunisie verte
C’est un combat acharné.
Voix off
Un combat acharné pour faire en sorte que les conventions internationales qui interdisent l’exportation de ces déchets soient enfin appliquées. 26 personnes sont poursuivies en Tunisie pour leur implication présumée dans l’importation illégale de ces déchets, parmi lesquelles des cadres de la douane et l’ancien ministre de l’Environnement. Selon les médias tunisiens, les autorités italiennes ont bloqué début 2021 l’exportation vers la Tunisie de 600 autres containers de déchets suspects. Houssem est en colère : pour lui, l’Europe doit renforcer ses contrôles.
Houssem Hamdi, activiste – Réseau Tunisie verte
L’Europe, lorsqu’elle reçoit des jeunes Tunisiens sur son[3] territoire, elle se bouche le nez. Par contre lorsqu’elle déverse ses ordures sur le territoire africain, il n’y a pas de problème. Il faut que ça cesse.
Voix off
En Italie, un autre Tunisien s’est battu pour dénoncer, Majdi Karbai, député de l’étranger. Lui aussi s’est démené pour parvenir à faire rapatrier ces déchets en alertant les médias italiens sur ce scandale. Pour lui aussi, la vigilance doit rester de mise parce que les réseaux mafieux n’abandonneront pas ce business juteux.
Majdi Karbai, député de l’étranger
Il y a ce qu’on appelle des organisations criminelles qui voilà, qui partent de l’Italie et qui ont des ramifications dans l’administration tunisienne.
Voix off
Retour en Tunisie où Nidhal tient à nous montrer ces décharges sauvages qui pullulent. L’affaire des déchets italiens a fait d’autant plus scandale que les infrastructures tunisiennes ne permettent pas au pays de traiter ses propres déchets.
Nidhal Attia, activiste – Réseau Tunisie verte
Donc, là vraiment ce qu’on voit autour de nous, c’est un paysage qu’on retrouve dans d’autres sites, partout en Tunisie et qui montre que le système a atteint ses limites et donc l’arrivée de déchets, c’est vraiment comme un coup de massue.
Voix off
Nidhal et Houssem et la société civile tunisienne ont remporté une bataille mais pas la guerre. Comme une récompense, ils assistent, aux premières loges, au départ du navire. Escorté par les autorités, le bateau quitte enfin la Tunisie.
[1] Dans le reportage, la journaliste parle de containers, les activistes de conteneurs pour désigner le même objet.
[2] Le participe passé a été accordé avec le mot manifestation. Dans le reportage, on entend : « c’est une manif qu’on a fait. »
[3] On a corrigé l’adjectif possessif. Dans le reportage, on entend : « leurs territoires ».