Tintin et l’actualité : quel est son secret ?

Disponible jusqu'au 31/12/2030 - 22:59Disponible jusqu'au 31/12/2030

Connaissez-vous la Bordurie ou la Syldavie ? Le tyran Plekszy-Gladz ou l'émir Ben Kalish Ezab ?

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Durée
15:55

Vidéo

Geopolitis-Tintin-video
Ressources pédagogiques
  • C1
    Adultes

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Adultes
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Éducation aux médias : éditorial
Éducation aux médias : relation images/bande sonore
Fiche pédagogique

    Tintin, la bande dessinée, la politique, l’actualité, le journalisme.

    Production
    RTS / TV5MONDE
    Chaîne d'origine
    RTS
    - Modifié le
    25/01/2022
    Le reportage
     
    Hergé avait-il tout pressenti ?
    Hergé l’avait imaginé, dans « L’affaire Tournesol » : les méchants, les très méchants de Boldurie, vous savez, le pays qui voulait occuper la gentille Syldavie, bref, les espions bordures avaient volé l’arme absolue du Professeur Tournesol, le rayon qui détruit tout, y compris, et on le voit dans ces trois cases, y compris les gratte-ciels de New York. Une ville que ne nomme pas le chef d’état-major du glorieux leader Plekszy-Gladz mais qui, dit-il, sera réduite en miettes lorsque les orgueilleux buildings, tremblant sur leur base, tomberont en poussière. Toute coïncidence ne serait, bien sûr, que l’effet du hasard.
    Autre forme de terrorisme abordé très tôt par Hergé et lié au monde du pétrole, dans « Tintin au pays de l’or noir », c’est, sous un déguisement arabe, le fourbe docteur Müller qui fait sauter un pipeline pour le compte de l’infâme Bab El Ehr, qui lui-même veut déstabiliser l’Émir Ben Kalish. À quelques noms près, c’est toujours de l’actualité.
     
     
    Tintin et les méchants : une lutte sans fin ?
    Dans « Le crabe aux pinces d’or », Tintin s’en prend aux trafiquants de drogue et découvre dans les caves du Karaboudjan, de l’opium, dans les fameuses boîtes de crabe. Ces trafics en tout genre, Hergé les dénonce toujours et encore avec une détermination qui, comme les trafics en question, se perpétue. Par exemple, le scandale qui concerne la traite humaine, l’esclavagisme, Hergé, qui reçoit ici la télévision suisse pour l’émission « Continents sans visa », le détaille dans « que en stock » avec tous ses malheureux livrés à eux-mêmes sur un rafiot, le Ramona, que Rastapopoulos veut faire envoyer par le fond pour supprimer tous les témoins, y compris les passeurs qui dépouillent ces malheureux de toutes leurs économies. 40 ans plus tard, les passeurs sont différents ; c’est la Méditerranée que les candidats à l’exil veulent franchir ; c’est le même type de trafic auquel le monde entier assiste. Les coupures de presse sélectionnées par Hergé sont, d’ailleurs, toujours d’actualité. Autre trafic dénoncé par Hergé et son équipe : la fausse monnaie, thème intemporel, parfaitement illustré dans « L’île noire » ou encore le trafic d’armes dans « Les cigares du pharaon ».
     
     
    Hergé : un sans faute ?
    Certains esprits chagrins nous la prédisent cette fin du monde, pour 2012, sur la base des fameux écrits mayas. Or, Tintin, dans « L’étoile mystérieuse » est agrippé par un certain Philippulus le prophète qui lui affirme que tout le monde va mourir et que s’il y a des survivants, ils mourront de la peste, de la rougeole et du choléra. Heureusement, à l’image de ce qui arrive dans l’actualité, il y a des savants qui savent et des savants qui ne savent pas. Aux dernières nouvelles, comme dans l’album, la fin du monde est reportée à une date ultérieure. En tout cas, Tintin a encore beaucoup de travail : lutter contre le mal, les malfaisants, contre la guerre, contre, par exemple, l’occupation d’un pays, thème retenu à l’époque, dans le « Lotus bleu » par Hergé qui fustige l’action militaire des Japonais en Chine avec un délégué à la tribune de la Société des Nations qui explique que l’occupation d’une partie de la Chine c’est pour le bien de la Chine.
    Un discours entendu, parfois, à la tribune de l’institution qui a succédé à la SDN : l’ONU. La SDN et l’ONU à Genève, bien sûr, lieu cher à Hergé et à Tintin. Genève, toujours là, avec sa gare Cornavin, son hôtel du même nom et son aéroport de Cointrin qui depuis a pris du volume. En revanche, Hergé n’aurait pas imaginé ou osé imaginer qu’un jour, les compagnies aériennes favorites de Tintin disparaitraient. Car Tintin volait sur Sabena et sur Swissair, ce n’est pas la fin du monde ! Mais c’est tout de même la fin d’un monde.

    L’éditorial
    Dans la vie d’un reporter, pas seulement dans celle de Tintin, il y a comme ça des moments magiques, des rencontres qui marquent. Il m’a été donné d’interviewer Hergé. C’était à Paris, dans le centre culturel de Belgique, à côté de Beaubourg. Une interview pour la radio où Hergé dissertait sur l’une des constantes des aventures de Tintin. Oui, disait-il, dans ce que j’imagine, il y a les bons et il y a les méchants, mais attention, insistait-il, il y a aussi les imbéciles et ceux-là sont de loin les plus nombreux, mais on ne les distingue pas tout de suite, et pas forcément. Hergé ne m’avait pas donné de nom.
     
    Il me reste de lui, outre un album dédicacé des Picaros, le souvenir d’un grand monsieur, un artiste, un interlocuteur aussi simple que disponible. Avec beaucoup d’honnêteté, il racontait que jamais, au grand jamais, il n’avait imaginé que son petit Tintin allait connaître un tel succès planétaire. Notre entretien date de novembre 1979. Je n’imaginais pas que, 32 ans plus tard, j’allais relater cette rencontre avec le père de Tintin. Pour un reporter, vous parlez d’une aventure !