Voix off
Tantôt. Nous sommes un peu partout dans le monde francophone. Par monts et par vaux, en Belgique, au Québec, en France, dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, au Luxembourg. Par-ci, par-là, nous sommes nombreux et nombreuses à dire « tantôt » mais pas toujours de la même façon et pour les mêmes raisons. Nous nous accordons à peu près tous sur un point : quand on emploie tantôt… tantôt… : tantôt en jupe, tantôt en pantalon. Je dis tantôt oui, tantôt non. Elle se lève tantôt tôt, tantôt tard. Là il clair pour à peu près tout le monde que c’est pour dire : « à un moment puis à un autre moment », « dans un état puis dans un autre. » En somme, une alternance ou un enchaînement de situations, de façons de faire, d’états qui diffèrent. Mais quand on emploie l’adverbe pour parler d’un moment spécifique de la journée, alors là, chacun y met son grain de sel : ce peut être hier ou bien aujourd’hui. Était-ce ce matin, ou plutôt cet après-midi ? À moins que ce ne soit demain, tiens, ou après-demain ? Allez, disons dans quelques jours ou dans quelques heures ! À ses origines, il signifiait « aussitôt ». Et de nos jours, pour y voir plus clair, on peut demander à la personne qui parle de préciser ou, si on est bon en maths, de faire des probabilités en fonction du lieu où on se trouve. Dans l’ensemble francophone, les dictionnaires de référence nous disent que tantôt renvoie à un moment après-midi et avant le soir. Mais en Belgique, par exemple, il signifie soit « il y a peu de temps » soit « dans peu de temps » : « j’ai croisé ma sœur tantôt (c’était ce matin) », « tu passeras tantôt récupérer tes bouquins ? (entendez plus tard dans la journée) ». La conjugaison du verbe est un bon tuyau pour décrypter s’il s’agit d’avant ou d’après. Cet emploi est aussi fréquent au Québec, en Afrique subsaharienne et n’en déplaise aux fous furieux du bon usage, dans plusieurs régions de France. À dire vrai, où que l’on soit, il n’est jamais trop tôt, ni trop tard pour le dire. Alors, à tantôt !