Stars en politique : c’est du sérieux ?

Disponible jusqu'au 31/12/2030 - 22:59Disponible jusqu'au 31/12/2030
Comment, et pourquoi, passe-t-on de « Terminator » à « Législator » ?
Rédiger et présenter un éditorial.
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
Durée
15:56

Vidéo

Geopolitis-StarsPolitique-video
Ressources pédagogiques
  • B2
    C1

B2 avancé C1 expérimenté

Voir les fiches
Lire : Lire
Parler : Parler
Regarder : Regarder
Vocabulaire : synonymes et antonymes
Écouter : Écouter
Écrire : Écrire
Éducation aux médias : Éducation aux médias
Éducation aux médias : analyse des images
Fiche pédagogique
    Les célébrités, la politique, la médiatisation d’une cause, l’engagement humanitaire, les médias.
    Production
    RTS / TV5MONDE
    Chaîne d'origine
    RTS
    - Modifié le
    10/08/2021
    Le contexte
    Bienvenue sur Geopolitis.
    Quel est le point commun entre Ronald Reagan et Arnold Schwarzenegger ? Facile : ce sont là deux acteurs de cinéma qui se sont lancés en politique et ont été élus gouverneur de la Californie. Ensuite Reagan est devenu président, mais pas Terminator. Quel est le point commun, maintenant, entre Youssou N’Dour et Michel Martelly, alias Sweet Mickey ? Facile, là encore, ce sont deux chanteurs connus qui se sont lancés en politique : le premier n'a pas été élu à la présidence du Sénégal, le second est devenu président d'Haïti. Mais qu'est-ce qui pousse donc les gens célèbres, acteurs ou chanteurs, à vouloir devenir chefs d'État, ministres ou gouverneurs ?
     
    Il n'y a pas que la politique d’ailleurs, il y a aussi la géopolitique, un domaine où, sans être élu, on peut être très actif. Parlons de Georges Clooney et d’Angelina Jolie. Clooney, c'est l'homme qui a mobilisé le monde, et surtout l'Amérique, sur la question du Darfour. Angelina Jolie, pour sa part, se concentre sur la question des réfugiés dans le monde. Geopolitis pose la question : quelle est la part de façade et de people dans tout cela, et quelle est la part de travail concret ?
     
    Le 7 octobre 2003, Arnold Schwarzenegger devient le 38e gouverneur de l'État de Californie. Terminator devient « réformator », l'acteur de cinéma a présenté sa candidature pour être, je cite, « celui qui remettra la Californie debout ». Il est élu, parce qu’il est connu, certainement, mais aussi parce qu’il est tout neuf en politique, qu’il a des idées simples, du bon sens et du reste, au début de son mandat du moins, il réduit le déficit budgétaire de son état. On constate que, un peu partout, il y a des acteurs de cinéma, des chanteurs, des hommes d'affaires accomplis qui se mobilisent, qui ont des idées, qui veulent être élus. Le dernier exemple en date, au Sénégal, face au pouvoir en place, c'est Youssou N’Dour qui se lève, qui vise la place de président de la République, il le pense, et surtout il le dit haut et fort.
     
    Extrait vidéo, Youssou N’Dour : « Moi je suis la seule personne aujourd’hui à prétendre gagner ces élections dès le premier tour. Si ça ce n’est pas possible je serai l’arbitre de ces élections, parce que les Sénégalais en ont marre, les Sénégalais veulent changer et je suis la seule personne aujourd’hui qui présente toutes les conditions que les Sénégalais demandent pour le next dirigeant ».
     
    Pour Youssou N’Dour, il n'y aura pas de suite, le pouvoir aura fait en sorte que le chanteur ne puisse pas même être officiellement candidat. Ailleurs, il en est autrement. Êtes-vous prêt pour un petit tour de monde ? Haïti, on en a parlé avec l'élection de Michel Martelly, mais un autre chanteur se présentait, tout aussi célèbre, Wyclef Jean. Au Brésil, après l'élection de Lula da Silva, c'est le chanteur Gilberto Gil qui est devenu ministre de la Culture, il a du reste réussi à mener de front les deux carrières. Un autre chanteur, plus au sud, est devenu ministre, c'est en Australie, c'est la belle histoire de Peter Garrett, le rocker australien, le chanteur du groupe Midnight Oil, qui est désormais ministre de l'Environnement. On peut multiplier les exemples, et conclure avec la Cicciolina, en Italie, une star du porno, élue député au parlement italien sous l'étiquette du parti radical. Ce n'est pas forcément le meilleur exemple. Heureusement, des bons exemples, il y en a bien d'autres !
     
    Le reportage
     
    La géopolitique : une cause ? une passion ?
    C'est un combat de longue durée : cela fait 7 ans que George Clooney se bat pour le Darfour. C'est un Clooney reporter, diplomate ou conférencier qui a fait du Darfour sa cause, il a même obtenu que la série télévisée « Urgences » diffuse un épisode spécial pour sensibiliser le public américain. On a ensuite vu l'acteur se mobiliser comme ici pour l'indépendance du Sud-Soudan. Alors, Clooney à la Maison Blanche ? Lui dit que cela ne l'intéresse pas, il pense à autre chose, mais, comme lui, on s'interroge: What Else ? Autre exemple de géo-politicien mobilisateur des consciences internationales, Bono, le chanteur, le leader du groupe U2, si actif pour le continent africain qu'on l’a déjà proposé, mais sans succès jusqu'ici, pour un prix Nobel de la paix. Bono, c'est devenu la conscience de l'Afrique, l'homme qui vient à Davos exposer l'urgence de la situation, à propos du Sida, de la pauvreté, des guerres, des réfugiés. Bono, c'est l'empêcheur de tourner en rond des G8 et G20, celui qui fait pression pour que l'on efface la dette des pays africains les plus pauvres. Il chante, il parle, il dénonce, il dérange, mais, in fine, il obtient des résultats.
     
    L’humanitaire : un prétexte ? une conviction ?
    Cela ne date pas d'hier: Josephine Baker mettait sa notoriété, immense, au service de la Croix rouge, c'était dans les années 40. Septante ans plus tard, c'est Angelina Jolie qui tient la vedette, avec ou sans Brad Pitt, son mari, une actrice mondialement connue qui milite sans réserve : elle est l'une des plus actives ambassadrices de bonne volonté du HCR, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Elle parcourt le monde, à ses frais, pas aux frais de l'ONU, pour défendre la cause des réfugiés, on la voit au Darfour, en Sierra Léone, en Cote d'Ivoire, au Liban, au Cambodge, où elle adopte un petit garçon, Madox. Par ailleurs, et c'est son domaine, elle a recours au cinéma pour mobiliser, par exemple, sur le sort des femmes en Bosnie, sujet de son dernier film « au pays du sang et du miel ».  De l'humanitaire  à la géo politique, il n'y a qu'un pas, un pas que franchissent aussi d'autres acteurs hollywoodiens, Alec Baldwin et Susan Sarandon avec leur coalition Creative qui milite pour la liberté d'expression, ou alors Whoopie Goldberg, ambassadrice de l'UNICEF, le fonds des Nations unies pour l'enfance, ou aussi, dans le monde de la chanson, Shakira, qui s'est engagée avec l'UNICEF elle aussi pour les enfants de son pays, la Colombie, ou encore Sharon Stone, qui défend aussi bien la cause des victimes du paludisme en Tanzanie que le droit des gays et lesbiennes. Enfin, et là, il n'y a plus guère de doute sur l'intégration de l'humanitaire dans la géopolitique mondiale, il y a le cas de Bill Gates, qui n'est candidat à rien du tout, mais dont la fondation, à son nom et à celui de sa femme Melinda, consacre des milliards de dollars à toute une palette de causes humanitaires dans le monde : un chiffre donne l'ampleur de cet engagement : le budget de la fondation Bill et Melinda Gates est désormais supérieur à celui de l'Organisation mondiale de la santé.
     
    L’édito
    Avant d'être célèbre, il faut être connu. C'est une condition nécessaire, mais hélas pas suffisante. Pour un acteur de cinéma, que ce soit dans le registre comique ou dramatique, pour un chanteur, qu'il se produise à l'opéra ou sur une scène de rock, pour l'homme de télévision, qu'il soit journaliste ou animateur, il est indispensable d'être vu, le plus possible, sur autant d'écrans disponibles. Ce n'est qu'après cette première épreuve de visibilité que l'on peut prétendre à la célébrité et que l'on peut être non seulement connu, mais reconnu. Et c'est ça la motivation de toutes ces vedettes qui se lancent en politique ou en géopolitique. Élargir la palette de leurs activités, se voir reconnaître des pouvoirs de décision ou de mobilisation dans des domaines autres que ceux qui les ont vu réussir professionnellement. Se voir offrir une forme de consécration populaire, durable, voilà qui motive, surtout lorsque l'on constate que « sa » cause est médiatisée, ou « son » action influe sur le calendrier politique des grands de ce monde. Car au fond, c'est cela: ils veulent être des grands de ce monde, connus et reconnus.