Première Guerre mondiale : les débuts

Disponible jusqu'au 19/02/2026 - 22:00Disponible jusqu'au 19/02/2026

Comment les soldats français vivent-ils le début de la guerre ?

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Le départ des Poilus - Albert Herter
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3:18
Raymond Abescat - 21 août 1914

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4:02
Entretien avec Jean-Pierre Verney - Les débuts

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Ressources pédagogiques
  • B1
    Adolescents16-18 ans

B1 intermédiaire

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Adolescents
16-18 ans
Interculturel : histoire
Parler : donner son opinion
Parler : décrire
Regarder : Regarder
Vocabulaire : expressions idiomatiques / proverbes
Vocabulaire : guerres
Vocabulaire : sentiments
Écouter : Écouter
Écrire : lettre, carte
Fiche enseignant
Fiche apprenant
Contenus complementaires

    Partis à la guerre pour défendre leur patrie, les soldats pensent qu’elle sera courte. Mais ils n’ont aucune idée de la puissance de feu de l’armée adverse.

    Ce dispositif pédagogique a reçu le label « Centenaire ».

    Chaîne d'origine
    TV5MONDE
    - Modifié le
    22/02/2022
    Raymond Abescat
    Le 21 août, nous sommes arrivés à la frontière belge, on devait cantonner dans un village qui s’appelait Signeulx. Mais on n’a pas cantonné, parce qu’à ce moment-là, nous avons entendu des coups de fusil sur notre gauche. Il y avait un régiment, qui était avant nous, qui était attaqué par les Allemands, déjà à ce moment-là, le 21 août 14… Alors ça fait qu’au lieu de cantonner, nous sommes restés en pleine campagne, à guetter pendant toute la nuit. Et puis le lendemain matin, il y avait un grand champ qui avait été fauché, il y avait des meules de paille, comme ça. 
    Le lendemain matin, il y avait un colonel qui est devenu notre colonel par la suite, qui a voulu absolument qu’on attaque les Allemands qui étaient déjà retranchés. Il ne s’est pas préoccupé du temps, on était dans le brouillard, on ne voyait rien du tout. Il nous a fait attaquer les Allemands. Mais les Allemands étaient déjà en position, ils avaient fait presque des tranchées. Heureusement, il y a eu un régiment qui est passé avant nous, ils ont été plus abimés que nous… On a été reçu avec les mitrailleuses qui nous ont… Le champ, c’était un orage de grêle horizontal, par les balles. Alors, le régiment qui était devant nous, ils sont revenus à 7 sur 250. Et le mien, nous sommes arrivés à 80 sur 250. Ça a été une véritable boucherie. À la fin de cette première bataille, quand on s’est vus complètement décimés, on s’est dit : « si ça dure comme ça, ça pourra pas durer longtemps ». C’était une véritable hécatombe, avec les mitrailleuses, on était fauchés comme des lapins. 
    Et par la suite, le colonel qui avait ordonné cette attaque-là, a été nommé colonel de notre régiment, le 113. Arbanère, qu’il s’appelait, je me rappelle toujours son nom. C’était une brute galonnée, en plein… Quand on était dans l’Argonne dans la tranchée, lui était toujours à l’arrière, le revolver au poing, et tous ceux qui cherchaient à se dissimuler, il tirait dessus. C’était une brute, absolument. On ne s’imaginait pas ce que c’était. Il a fallu qu’on soit sur le terrain pour s’en rendre compte. 
     
    Jean Pierre Verney
    Samedi 1er août, les affiches de mobilisation sont placardées. La mobilisation est effective à partir du 2 août. Et ce sont des… C’est l’armée d’actifs qui part en premier, donc des jeunes qui viennent de partir, qui ont vingt ans, qui viennent de faire leur service militaire, qui ont vingt et un ans, plus la classe 1913 qui partent. Ils ont été, ils viennent de faire leurs classes sous les drapeaux et ils sont tous convaincus – hein franchement, il ne faut pas l’ignorer – que la guerre sera courte. Déjà. Pour certains, au pire à Noël, nous serons revenus. Au pire, à Noël, nous serons de nouveau dans nos foyers. Alors ça, c’est le premier élan. Le deuxième, c’est que nous sommes envahis. C’est pas nous qui avons déclaré la guerre, c’est l’Allemagne qui a déclaré la guerre. Ensuite, c’est l’Allemagne qui franchit la frontière. C’est pas la France comme en 70 qui part, donc on va défendre son pays, son drapeau, voilà. Donc, il y a un élan, effectivement. Mais, c’est pas non plus… ils ne partent pas en chantant partout, dans les villes… [Je veux] dire le paysan qui quitte sa terre, le vigneron qui va quitter sa vigne alors que les grains sont beaux, sont prêts à être ramassés, euh… Il ne part pas en chantant, il ne part pas… c’est un paysan. Mais il y va. Il y a très très peu de refus, il y a moins de 2 % de refus au début 14 et la moitié, il y a 1 % de ces hommes qui vont rejoindre d’ici la fin août. Il y a peu de refus de la guerre. Ensuite, par contre, effectivement, en sortant de la caserne, ces hommes chantent : des chansons de l’époque « Auprès de ma blonde », tout ça ou « La Victoire en chantant » pour rejoindre la gare. Il y en a qui ont pu boire un petit coup de vin rouge avant, mais c’est pas l’élan, on n’est pas parti va-t-en guerre, c’est pas vrai.    
    Il y a une certitude d’une victoire rapide. La concentration des armées se fait très bien aux frontières.
    À partir du 15 août, toutes les armées sont en place. Joffre les envoie en avant. Et brutalement, c’est ce qu’on appelle « la Bataille des Frontières » et on découvre, l’armée française va découvrir là la puissance du feu allemand, la puissance des canons lourds et des mitrailleuses. Là, on est dans cette tragédie de la semaine du 22 au 25 août ou 26 août, où il y a entre 20 000 et 27 000 morts par jour dans l’armée française : le 22 août, 27 000 morts. Voilà. Alors, d’abord, il n’y a pas de panique à bord. Joffre reste ferme dans son commandement. Il ordonne la retraite. Et la retraite se fait très bien, elle est ordonnée. Ce n’est pas une débandade alors que les Allemands ont tendance à la considérer comme une débandade. Pour eux, l’armée anglaise, elle n’existe plus et l’armée française est en débandade. C’est pas le cas. Cette armée retraite* dans des conditions difficiles, le ravitaillement ne parvient pas aux unités, donc ces hommes se nourrissent de pommes, de poires, de fruits plus ou moins mûrs le long des routes, ils mangent ce qu’ils trouvent dans les villages abandonnés et lorsqu’ils vont arriver le 5 septembre devant Paris, donc après 30 jours de guerre seulement, les Allemands sont devant Paris, euh… il va y avoir ce sursaut extraordinaire de 800 000 hommes, de Verdun à Meaux en fin de compte, qui vont s’arrêter, à qui on va demander de repartir à l’avant, qui repartent en avant et qui vont combattre pendant cinq ou six jours dans des conditions difficiles, à un moment critique. Et puis, ça va surprendre les Allemands, ça va provoquer une séparation d’ailleurs entre certaines armées, entre la première et la seconde armée allemande, et celles-ci vont être obligées de décrocher pour rester liées, en tout cas, pour ne pas faire de brèche entre les deux armées. Et c’est la fin de la bataille de la Marne qui est une victoire française. C’est une véritable victoire française et, en même temps, c’est la fin du plan Schlieffen qui devait détruire l’armée en 6 semaines ou 8 semaines. 
     
     
    * se retire
     

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