Qu'est-ce que c'est... de quoi ils parlent... oh c’est bizarre... qu'est-ce qu'ils font ? Il lui a demandé son numéro ?
Mais non… Imaginez le tableau : on est en 1876. Paris est chamboulé par le baron Haussmann, le téléphone fait son apparition, et la France offre la Statue de la Liberté pour les cent ans de l'indépendance des États-Unis. Bref, on veut du neuf, de la joie et de la légèreté. Auguste Renoir aussi, mais c'est raté. À trente-cinq ans, son style ne plaît pas, il est dans une mauvaise passe. Pourtant, le gaillard sera surnommé plus tard « le peintre du bonheur ».
Regardez bien ! De la lumière qui joue avec le feuillage, une balançoire pour s'amuser, une petite fille qui attend son tour et des personnages qui badinent. Pas de doute, Renoir veut de l'insouciance. Et ça marche. Ça marche tellement que la petite fille qui pose est remplacée par une poupée parce qu'elle ne tient pas en place. Tout respire la joie de vivre, loin des tracas du quotidien, loin de ce petit groupe de gens croqués en quelques coups de pinceau. À Montmartre, Renoir peint en plein air, et on a l'impression d'y être. Ça bouge moins que chez Fragonard, mais, un siècle après, Renoir préfère s'amuser avec la couleur. Et la lumière ! Tout est éclaboussé de lumière. La robe qui était blanche, le costume qui était bleu, même les ombres qui ne sont plus vraiment noires, elles ont tout juste le droit d'être sombres.
Même si Emile Zola l'adore, le public boude le tableau, qui deviendra pourtant un classique. Le cinéma lui rend hommage soixante ans plus tard dans le film « Partie de campagne » de Jean... Jean... Renoir ! Oui, le fils d'Auguste et le neveu d'Émile, le frère du peintre, que l'on voit ici de dos.
"La balançoire" est achetée par le peintre Gustave Caillebotte pour rendre service à Renoir. En 1894, la toile est léguée à l'État, et c'est en 1986 qu'elle s'installe au musée d'Orsay.