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Tout autant que le trafic de drogue, les transports clandestins des êtres humains mobilisent les polices du monde entier. Pour l’ONU, un passeur désigne le fait d’assurer l’entrée illégale d’une personne dans un État afin d’en tirer un avantage financier. 90% des migrants ont recours à un ou plusieurs passeurs. Beaucoup de ces passeurs sont eux-mêmes des migrants qui payent ainsi leur voyage à des organisations. Régulièrement, ces petits employés sont arrêtés. Ils risquent entre six mois et quatre ans de prison selon les pays ou les cas. Mais il est rare que les chefs des réseaux soient menottés comme cela s’est produit au tout début de cette année, avec un Érythréen dont l’organisation s’étendait de la Somalie à la Libye et qui organisait les voyages de milliers d’Africains vers l’Europe. Pour la seule Méditerranée, il y a eu en 2021, 123 000 traversées réalisées par des migrants clandestins qui, chacun, aurait payé son passeur entre 4 000 et 6 000 dollars. Des sommes versées en liquide, donc très difficiles à tracer, d’autant que cette criminalité s’est structurée et complexifiée. En France, un réseau de passeurs irako-kurdes a été récemment mis à jour. Il faisait traverser les pays à des migrants vietnamiens dans des camions conduits pas des Polonais. Direction Calais, pour ensuite se rendre au Royaume-Uni. Ces bandes organisées ont également compris l’intérêt des réseaux sociaux. Comme ici, à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, où le hashtag Pollero a rencontré un succès énorme chez les candidats à l’entrée aux États-Unis. Pollero est une expression espagnole qui désigne le passeur. Ces organisations de passeurs génèrent des bénéfices énormes, sept milliards de dollars par an selon les derniers chiffres des Nations unies.