Orane Colomb, cheffe de pôle opérationnel Villers-Cotterêts
Le maître d’ouvrage, c’est celui qui commande et qui paye. Et le maître d’œuvre, c’est celui qui conçoit et qui fait réaliser. Donc le CMN [1], qui est un établissement public s’est vu confier la maîtrise d’ouvrage du projet de Villers-Cotterêts par l’Élysée, par le président Emmanuel Macron. C’est la première fois qu’on a une commande présidentielle sur un monument historique aussi. Un bâtiment à restaurer c’est plein de sujets. C’est les murs de façade, c’est les menuiseries, c’est la charpente, c’est aussi des aspects très techniques parce qu’il y a beaucoup de reprises en sous-œuvre également, tout ce qui est réseau, tout ce qui est fluide parce qu’il faut amener l’électricité, il faut que ça fonctionne, il faut qu’il y ait de l’eau, il faut qu’on évacue, enfin il y a toutes ces choses-là. Il y a des ascenseurs parce que… il faut aussi… on est un ERP [2], donc il faut faire circuler les personnes. Il y a du wifi, il y a différentes choses et il y a aussi toutes les parties sensibles qui relèvent de tout ça, tout ce qui est décor sculpté, restauration des décors peints, les menuiseries, tout ce qui va être aussi reprises de ferronnerie, enfin, ça fait beaucoup de sujets. Il faut être très organisé. Il faut aussi savoir de quoi on parle ; donc effectivement pour échanger avec les différents interlocuteurs. Dans ce cadre précis, dans les monuments historiques, voilà comprendre ce qu’est un monument historique. Et puis il y a toute la partie technique, toute la partie financière, toute la partie administrative également. On peut pas vraiment parler de créativité parce que c’est pas du tout le même travail. Pour moi, la créativité, ça reste quand même chez le maître d’œuvre. Mais il y a du challenge, il y a d’autres choses. Les réunions de chantier, il y en a beaucoup sur ce chantier. Ces réunions sont organisées par les maîtrises d’œuvre en fait. Parfois on fait la réunion de chantier directement sur le site. Ça nous permet effectivement de faire le contrôle parce que ça, c’est très important, de venir toutes les semaines, voire plusieurs fois par semaine, et de regarder l’avancement des travaux. J’ai toujours voulu être architecte. Petite fille, je dessinais des plans. Voilà, je dessinais des perspectives. J’avais toujours beaucoup d’émotion quand je voyais des bâtiments notamment anciens. Après le bac avant de m’orienter tout de suite sur l’architecture, j’ai choisi de faire un DEUG [3] d’histoire de l’art parce que j’aimais aussi tout ce qui était artistique. Après ces deux ans, j’ai rejoint l’école d’architecture de Lyon. Ensuite, je suis rentrée dans la vie professionnelle en maîtrise d’œuvre avec une casquette vraiment d’architecte. Ça, c’était pour le ministère de la Défense. C’est là où j’ai fait vraiment de la conduite d’opération pour la première fois en tant que maîtrise d’ouvrage et à un moment j’ai vu un poste qui était au CMN en tant que chargée d’opération et je me suis dit que c’était l’occasion de changer de ministère et d’aller voir un petit peu du côté… côté monument historique. Un moment d’émotion, c’était la restauration des décors de l’escalier de la reine. On a ces scènes mythologiques. On retrouve cette finesse des sculptures de la Renaissance emprunte d’antiquité et c’est vrai, que d’être à touche-touche avec les caissons, de pouvoir regarder ça de près, regarder les détails, pouvoir prendre des photos, ça, c’était… c’était un beau moment. Avant que les travaux ne commencent, le château était vraiment lugubre avec des parpaings qui ferment toutes les menuiseries et moi, je n’avais qu’un rêve, c’est qu’on dépose tous ces parpaings, qu’on mette en place les menuiseries et qu’on retrouve toute cette transparente. La chose sur laquelle j’étais la plus impatiente, c’était que la lumière pénètre à nouveau dans le château.
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[1] CMN : le Centre des monuments nationaux « a pour mission de conserver, restaurer et entretenir les monuments et les collections placés sous sa responsabilité en y conduisant, sous le contrôle scientifique et technique des services du ministère de la Culture des opérations visant à prévenir leur dégradation et à étendre leur durée de vie. » Source : https://www.culture.gouv.fr
[2] ERP : établissement recevant du public
[3] DEUG : diplôme d’études universitaires générales (bac +2). Diplôme de premier cycle universitaire qui a été supprimé en 2006 et remplacé par la réforme LMD (licence, master, doctorat).