Marcel Mione, présentateur de l’émission Pascal Rapillard, on vient de voir cet enfant avec une prothèse. Est-ce qu'un jour ce fléau va s'arrêter ?
Pascal Rapillard, centre international de déminage humanitaire
Alors évidemment, bon le reportage l’a montré, les victimes, il y en a énormément, beaucoup trop, elles vont nécessiter des soins pendant une vie entière. C'est aussi les familles qui sont touchées, les familles de ses victimes, mais le problème des mines est un problème qui a une fin. C'est un problème qui peut se terminer durant notre génération et bien sûr cela va nécessiter beaucoup d'efforts de la communauté internationale, des pays affectés eux-mêmes, il faudra des financements, il faudra mettre en œuvre les meilleures méthodes, mais c'est un problème qui a une fin.
Marcel Mione, présentateur de l’émission
Mais lorsqu'un pays est décontaminé, parfois longtemps après la fin d'un conflit, il y a un autre conflit ailleurs et d'autres mines qui vont être posées.
Pascal Rapillard, centre international de déminage humanitaire
Bien sûr et c'est la situation qu'on constate malheureusement de nouveau de manière accrue depuis ces deux, trois dernières années avec les conflits qu'on a mentionnés, les conflits récents. Cela dit, cela ne doit pas, je dirais masquer, les progrès considérables qui ont été réalisés depuis plus de 20 ans et qui ont vu la réduction du nombre de victimes à une échelle considérable, qui ont aussi vu 51 millions de mines antipersonnel détruites, des stocks qui n’existent plus, qui ne seront jamais plus utilisés mais qui ont aussi vu des territoires entiers déminés. 28 pays sont totalement déminés et libres de mines qui ne l'étaient pas il y a 20 ans. Le Mozambique, en 2015, s’est déclaré libre de mines, c'était un des pays les plus affectés du monde à la fin des années 1990. Donc certes, la situation est difficile en ce moment, il y a beaucoup de défis mais énormément de progrès ont été réalisés.
Marcel Mione, présentateur de l’émission
Est-ce que la communauté internationale est à la hauteur du défi et pourquoi, comment expliquer que les budgets pour le déminage, pour votre action diminuent ?
Pascal Rapillard, centre international de déminage humanitaire
Bien sûr, je dirais que la communauté internationale est à la hauteur, doit l’être encore plus et je dirais encore plus ces dernières années et dans le futur.
Marcel Mione, présentateur de l’émission
Qui sont les locomotives de ce combat contre les mines antipersonnel ?
Pascal Rapillard, centre international de déminage humanitaire
Et bien il y a des pays donateurs, je dirais, qui sont les pays donateurs traditionnels de l’aide au développement ou de la coopération internationale…
Marcel Mione, présentateur de l’émission
Par exemple ?
Pascal Rapillard, centre international de déminage humanitaire
…que sont les pays nordiques la Norvège ? la Suède mais aussi la Nouvelle-Zélande, l'Australie, la Suisse bien entendu, les États-Unis. Les États-Unis qui financent pour moitié l'allocation globale des financements pour le déminage même s'ils ne sont pas partis à la convention d’Ottawa. Mais c'est un très gros contributeur du déminage. Donc beaucoup de pays occidentaux traditionnels mais aussi certains pays d’autres continents contribuent au déminage et les pays affectés eux-mêmes dédient également des ressources pour le déminage sur leur territoire.
Marcel Mione, présentateur de l’émission
Alors vous avez cité les États-Unis, état non signataire des conventions d’Ottawa. Il y a une trentaine de récalcitrants au total. Quelle pression peut-on exercer sur ces pays qui n'ont pas signé ?
Pascal Rapillard, centre international de déminage humanitaire
Oui en effet, il y a encore une trentaine de pays qui sont en dehors du régime d'interdiction même si finalement, il faut savoir que beaucoup de ces pays appliquent de facto la convention puisque beaucoup n’exportent plus de mines, n’en utilisent plus, n’en produisent plus. Donc finalement, ces 30 États, il serait extrêmement important qu'ils rejoignent, évidemment pour des considérations pratiques ? mais aussi pour des considérations politiques, ça permettrait de revigorer l'attention aussi sur la convention d’Ottawa. Et ça, il s'agit là du travail des O.N.G, des O.N.G. qui font du lobby auprès des gouvernements, auprès des parlements des États concernés, auprès de la population des États concernés pour mobiliser les consciences, mobiliser l’opinion publique, les parlementaires, ceux qui décident pour éventuellement amener ensuite ces États à ratifier la convention.