Voix off
On l’appelait la « Garbo latine[1] » parce qu’elle était belle, Marisol. D’ailleurs l’artiste se prenait régulièrement comme modèle dans ses sculptures. C’était plus pratique quand elle créait tard le soir dans son atelier new-yorkais.
Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef, Musée des Beaux-Arts de Montréal
Wouahou, c’est incroyable. Quelle chance de mettre en lumière le travail de cette artiste qui a été, oui, une vedette totale dans les années 60.
Voix off
Née à Paris en 1930, de parents vénézuéliens, Marisol passe son enfance entre le Venezuela, l’Europe et les États-Unis avant de s’installer à New York en 1950. C’est là que commence sa carrière. La jeune femme expérimente avec la pierre, le bronze, le plâtre, mais c’est le bois son matériau de prédilection.
Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef du Musée des Beaux-Arts de Montréal
C’est aussi une pratique tellement originale. Dans toute l’histoire de l’art, j’ai jamais vu quelque chose de pareil. Des sculptures en bois grandeur nature avec des éléments de dessin, des moulages, des objets trouvés.
Voix off
Une artiste unique et engagée. Les thèmes abordés par Marisol dans ses œuvres résonnent encore fort aujourd’hui. L’exil et l’immigration, les conditions des femmes, l’environnement, la pauvreté, les droits des peuples autochtones.
Stéphane Aquin, directeur du Musée des Beaux-Arts de Montréal
C’est vraiment une artiste qui annonce notre époque. Et ce qui est merveilleux avec cette rétrospective, c’est qu’on redécouvre la grande Marisol des années 60, mais aussi on découvre la Marisol moins connue.
Voix off
Dans les années 60, Marisol est une icône du pop art. Elle connaît l’apogée du succès avec des expositions à New York qui font courir les foules[2]. Un succès lourd à porter pour l’artiste. L’atmosphère de la guerre du Vietnam, qu’elle dénonce, lui pèse aussi. Marisol s’échappe alors vers Tahiti, à la mer. Elle découvre la plongée sous-marine et son art s’en imprègne. Touche à tout, elle crée aussi des décors et des costumes pour des troupes de danse ainsi que des monuments publics.
Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef du Musée des Beaux-Arts de Montréal
Les grands artistes[3] sont ceux qui se donnent le défi d’évoluer, de ne pas faire tout le temps la même chose. Elle ne voulait pas être ce que les autres voulaient qu’elle soit.
Voix off
Une liberté toujours revendiquée par Marisol. Elle ne s’est jamais mariée, n’a pas eu d’enfant et ne s’est pas soumise[4] au diktat de l’art et du public.
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[1] En référence à Greta Garbo (1905-1990), l’actrice suédoise naturalisée américaine, véritable mythe cinématographique à Hollywood.
[2] « Faire courir les foules » est une expression en français canadien qui signifie « attirer, précipiter ». Son équivalent en français standard est « attirer les foules ».
[3] Correction par rapport à ce que l’on entend : « Des* grands artistes ».
[4] Correction par rapport à ce que l’on entend : « Elle ne s’est pas soumis* ».