Maklouf, grutier
On a la grue en face qui a la deuxième flèche la plus grande d’Europe, 78 mètres donc intéressant après celle de Notre-Dame qui est à 80 m. La flèche fait 60 mètres, sur celle-ci. C’est déjà pas mal. Mais il n’y a pas de limite en hauteur. Moi je n’ai pas dépassé 45 mètres, 48 mètres. Plus on a de flèche exactement et plus on a de contrepoids, pour équilibrer. Et plus on a de flèche et plus on a de prise de vent. Plus c’est difficile de conduire quand il y a du vent. À partir de 50 km/h, on a une petite alerte dans notre cabine. Jusqu’à 72 km/h, à 72 km/h, on arrête de travailler. Là, on est en danger. Et à ce moment-là, 70 km/h, on a une alarme qui sonne sur tout le chantier.
En trois semaines, on peut être grutier, pas expérimenté bien sûr. Donc en trois semaines, on apprend la conduite en sécurité, le ballant. Il faut qu’on puisse prendre une charge et l’emmener à destination sans qu’il y ait de ballant, quoi. Il ne faut pas que la charge se balade, parce qu’il y a risque de renversement. Et par la suite, on apprend sur le terrain. Contrairement à d’autres chantiers, on a un planning de grue. Chaque chef de chantier réserve des créneaux de grue. Et moi tous les soirs, je récupère mon planning de ma journée du lendemain. Le chef élingueur me contacte pour me dire ce que je dois faire.
Maklouf, grutier
« Oui Jérémie, on accroche la benne. »
Maklouf, grutier
Il y a la responsabilité de l’élingueur et aussi le grutier, à partir du moment où il lève sa charge, on dit qu’il est responsable. Ce n’est pas toujours évident, mais on a le droit de retrait donc si on sent qu’une charge n’est pas stable ou qu’il y a un danger quelconque, on a le droit de s’opposer.
Quand je monte le matin, je commence ici sur ce chantier, je commence à 7 heures. Je ne redescends pas avant midi quand tout va bien, quand il n’y a pas de débordement sur le créneau. Souvent c’est avec le béton, qu’on n’a pas le choix, il faut finir de le couler. Donc on peut déborder jusqu’à midi et demi, même parfois 13 heures. Du coup, on décale la pause. Donc ça varie entre 5 à 6 heures d’affilée.
On a tendance à oublier un peu le grutier, parce qu’il est en haut, on ne le voit pas beaucoup. Mais oui, je suis heureux de faire ce métier-là.