Le conteur
Il était une fois un âne, qui se faisait si vieux qu’il n’arrivait plus à porter les sacs de farine. Un jour, voyant le meunier aiguiser son couteau, il se dit :
« Si je reste ici un jour de plus, mon maître va me tuer. Je ferais mieux d’aller à Brême. Je pourrais y jouer du violon dans la fanfare municipale. » Sitôt dit, sitôt fait, l’âne s’enfuit, son violon en bandoulière.
En chemin, il croise un chien couché au milieu de la route.
– Que fais-tu là ? demande l’âne.
– Hélas ! répond le chien. Je suis si vieux que je n’arrive même plus à courir après les lapins. Alors, mon maître a voulu me tuer d’un coup de fusil et je me suis enfui. Mais qui va me nourrir, à présent ?
– Viens avec moi, lui suggère l’âne. Je vais à Brême pour m’engager dans la fanfare. Tu n’as qu’à te proposer pour jouer du tambour !
– Marché conclu ! répond le chien.
Et, sautant sur ses pattes, il lui emboîte le pas.
Peu après, les deux compères croisent un chat qui miaule sur un toit. [MIAOU]
– Qu’as-tu à pleurer ainsi ? dit l’âne.
– Hélas ! répond le chat. Je me fais vieux, et je ne suis même plus bon à chasser les souris. Du coup, ma maîtresse a voulu me noyer. Je suis parti, mais que vais-je devenir ?
– Viens avec nous ! propose l’âne. Nous allons à Brême pour nous engager dans la fanfare. Tu n’auras qu’à jouer de la trompette.
– Pourquoi pas ! répond le chat.
Et il saute du toit pour rejoindre l’âne et le chat.
Un peu plus loin, les trois voyageurs croisent un coq qui s’égosille, perché sur un poteau. [COCORICO]
– Qu’as-tu à brailler comme ça ? s’étonne l’âne.
– Hélas, répond le coq, je chante mes adieux à la vie. Demain, c’est dimanche, et la fermière a décidé de me faire rôtir pour le repas de midi.
– Viens avec nous, brait l’âne.
Nous allons à Brême nous engager dans la fanfare. Avec la voix que tu as, tu trouveras sûrement une place de chanteur !
– Bonne idée ! crie le coq.
Et sans attendre, il saute de son perchoir pour rejoindre la troupe.