Fil d'Ariane
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- Les femmes, deux siècles de combat
« La femme n'est pas une création naturelle, mais un produit élaboré par la civilisation » écrivait Simone de Beauvoir. Et vous, qu'en pensez-vous ?
S'interroger sur le combat de féministes à différentes époques.
Les textes fondateurs
Les textes fondateurs
La transcription
La transcription
Deux siècles de combat pour les femmes à travers les textes fondateurs d'Olympe de Gouges et Simone de Beauvoir et l'analyse d'une historienne sur l'accès différencié au savoir en fonction du genre.
Olivier Barrot
Mon histoire des femmes, la vôtre Michelle Perrot aux éditions du Seuil en coédition avec France-Culture. Est-ce à dire qu’il existerait une histoire spécifique des femmes qui serait différente de celle des hommes ?
Michelle Perrot
Assurément, assurément. L’histoire, c’est beaucoup de choses. L’histoire, c’est tout ce qui s’est passé et là les femmes y sont comme les hommes, mais c’est un récit. Et le récit de l’histoire, construit d’abord par les historiens grecs, retient le public, or dans le public il y a les hommes. Les femmes ne sont pas dans le public. Elles sont dans le gynécée, plus tard dans la maison, dans le privé. Et jusqu’à ce qu’on s’intéresse au privé au fond on ne regardait pas tellement les femmes.
Olivier Barrot
Vous insistez sur certaines activités féminines qui seraient d’ailleurs plus de leur fait à elles - à vous, les femmes - que des hommes, en particulier la presse magazine.
Michelle Perrot
La presse magazine, la place des femmes dans la presse magazine, c’est la mode. Il fallait qu’elles soient bien habillées. Alors cette mode, cette presse de mode a été d’abord masculine, mais les femmes s’y sont insinuées jusqu’à diriger très tôt, en Angleterre dès la fin du 18e siècle des magazines de mode. Et ces magazines de mode étaient intéressants parce que non seulement on y parlait de mode, mais on y parlait de romans, on y parlait d’instruction et ça jouait un rôle très important.
Olivier Barrot
Autre domaine que vous traitez à loisir et qui est tout à fait passionnant, qui est l’accès des femmes au savoir. Comme si pendant longtemps la détention du savoir, la propagation du savoir n’avait été le fait que du sexe masculin.
Michelle Perrot
Les femmes, on les éduque - de bonnes habitudes - on ne les instruit pas, parce qu’elles n’ont pas besoin de savoir et même c’est mauvais. Si vous apprenez à lire à une femme, elle va lire quoi des romans, et dans les romans elle va développer son imagination. Elle n’aimera plus son mari. Elle va penser à un amant. Donc, laissons-les plutôt dans l’éducation ; c'est-à-dire vraiment les bonnes habitudes quotidiennes : coudre, lire un petit peu, mais pas trop.
Olivier Barrot
Pour finir, Michelle Perrot, à votre avis, la cause des femmes, aujourd’hui en 2006, est définitivement gagnée ou pas ?
Michelle Perrot
Rien n’est jamais définitivement gagné ni pour les hommes ni pour les femmes. L’histoire est un perpétuel équilibre à reconstruire donc ça n’est pas gagné.