Générique
Il sera question d’histoire. Françaises, Français… I have a dream. Je suis contre la peine de mort.
Voix off
Le 18 mars 1962, à Évian, le gouvernement français et les représentants du Front de libération nationale signent un accord de cessez-le-feu qui met fin à huit années de guerre en Algérie. Après plus d’un siècle de domination coloniale française, le pays s’apprête à obtenir son indépendance. La guerre d’Algérie commence en 1954. Elle oppose le Front de libération nationale, le FLN, un mouvement qui revendique l’indépendance du pays, à la puissance coloniale française établie dans la région depuis 1830. Au fil des mois, des attentats de plus en plus violents éclatent dans le pays tandis que l’armée française traque sans relâche le FLN. On ne parle d’ailleurs pas encore de guerre, mais des « événements d’Algérie ». Pourtant la guerre est bien là et des troupes de plus en plus nombreuses sont mobilisées. Le conflit s’enlise, prenant des allures de guérilla, d’abord dans les campagnes puis au cœur des villes. La violence se décuple, l’usage de la torture se répand et le nombre de victimes ne cesse d’augmenter, des deux côtés. En métropole, la situation politique ne cesse de se dégrader : les gouvernements se succèdent sans parvenir à résoudre le problème algérien. Le 13 mai 1958, une crise politique sans précédent éclate : les Européens d’Algérie s’insurgent, craignant que le gouvernement français n’abandonne le pays. Le 29 mai, le président de la République, René Coty, demande au général de Gaulle1 de former un gouvernement pour résoudre la crise algérienne. Après douze ans d’absence, le héros de la France libre fait son grand retour en politique. Dans les jours qui suivent son investiture, le général de Gaulle se rend en Algérie et enchaîne les discours. Mais ses propos sont ambigus.
Charles de Gaulle, premier président de la Ve République
Je vous ai compris.
Voix off
Rapidement élu Président de la Ve République, sa position sur l’Algérie ne tarde cependant pas à se préciser. Le 16 septembre 1959, il se prononce en faveur de l’autodétermination en Algérie.
Charles de Gaulle, premier président de la Ve République
[…] le choix que les Algériens, eux-mêmes, feront de leur propre destin.
Voix off
Par référendum, il interroge les Français et les Algériens, qui, las de cette guerre, approuvent largement cette première étape vers une Algérie indépendante. Les négociations peuvent commencer avec le FLN. Mais de nombreux partisans de l’Algérie française se sentent trahis par la politique du général de Gaulle. Dès janvier 1960, ils se soulèvent à Alger. C’est la semaine des barricades. Puis en février 1961, ils basculent dans la violence terroriste et forment l’OAS, l’Organisation Armée secrète2. Son objectif ? Renverser de Gaulle et maintenir à tout prix et par tous les moyens, la présence française en Algérie. Mais malgré les attaques de l’OAS, le gouvernement français poursuit les négociations avec le FLN et le 18 mars 1962, un cessez-le-feu est signé à Évian.
Journaliste
Je suis très satisfait, c’est une grande victoire du peuple français et du peuple algérien qui a lutté pour son indépendance.
Automobiliste interviewé
Il y avait assez de morts comme ça.
Voix off
Les accords d’Évian ne sont pas synonymes de paix. Bien au contraire, les violences redoublent d’intensité. L’OAS multiplie les attentats, les exécutions sommaires, les voitures piégées, les incendies… Pour le FLN, c’est le temps des représailles : des milliers de harkis - Algériens engagés dans l’armée française - sont massacrés, considérés comme des traîtres. Tandis que la France refuse de les rapatrier. Le 5 juillet 1962, l’indépendance du pays est officiellement proclamée. Le drapeau vert et blanc flotte dans les rues d’Alger dans une ambiance de gigantesque fête. Pourtant, à Oran, deuxième ville du pays, les manifestations de joie tournent aux massacres. Près de deux mille Français, peut-être plus, sont tués ou enlevés par des civils armés et des soldats du FLN. Dans ce climat de terreur, les Français d’Algérie, surnommés les « pieds noirs », quittent massivement le pays pour la métropole. Laissant tout derrière eux, ils sont des centaines de milliers à quitter l’Algérie pour une France que beaucoup ne connaissent pas.
---
1 Charles de Gaulle (1890-1970) est un militaire, résistant, homme d'État et écrivain français. Officier au cours de la Première Guerre mondiale, il est blessé et fait prisonnier. Entre 1919 et 1940, il poursuit sa carrière militaire. En mai 1940, lors de l’invasion allemande, il mène plusieurs contre-attaques pendant la bataille de France. En juin, rejetant l'armistice demandé par la France à l'Allemagne nazie, il part pour Londres d’où il lance à la BBC, l'« appel du 18 Juin », qui incite le peuple français à résister et à rejoindre les Forces françaises libres. En 1943, il fusionne la France libre au sein du Comité français de libération nationale, dont il finit par prendre la direction. Il dirige le pays à partir de la Libération en 1944. Mais favorable à un pouvoir exécutif fort, il s'oppose aux projets parlementaires et démissionne en 1946. Il revient au pouvoir après la crise de mai 1958, dans le cadre de la guerre d'Algérie. (source Wikipédia)
2 L'OAS est une organisation politico-militaire clandestine, issue de la partie la plus radicale de l'armée française et de civils français. Déterminés à conserver l'Algérie française, où vivaient un million d'habitants ayant le statut de citoyens français, et huit millions d'Algériens ayant un statut juridique différent, ils s’opposent alors à la politique d'autodétermination mise en place par Charles de Gaulle à partir de la fin de l'année 1959. Ils ont recours à tous les moyens possibles, y compris le terrorisme à grande échelle. (source Wikipédia)