Générique
Il sera question d’histoire. Françaises, Français… I have a dream. Je suis contre la peine de mort.
Voix off
Le 29 mars 1984, Léopold Sédar Senghor est le premier Noir africain à entrer à l’Académie française. Pour l’homme de lettres et politicien sénégalais, c’est la consécration. Né en 1906 au Sénégal - dans l’empire colonial français - Léopold Sédar Senghor grandit dans une famille aisée de la région de Dakar. À sept ans, il est envoyé à l’école dans une mission catholique où il apprend le français.
Léopold Sédar Senghor, poète et homme d’État
Pour moi, la langue française c’était comme des bonbons, c’était délicieux.
Voix off
Élève brillant, il entre au collège-séminaire pour devenir prêtre. Mais passionné de littérature, le jeune Senghor obtient une bourse et poursuit ses études à Paris au prestigieux lycée Louis-le-Grand puis à la Sorbonne. Naturalisé français en 1933, il est le premier Noir africain reçu à l'agrégation de grammaire.
Dans l’entre-deux-guerres, Paris succombe au charme de Joséphine Baker et dans les clubs, résonnent les saxophones des jazzmen. Léopold Sédar Senghor fréquente les milieux noirs parisiens qui réfléchissent aux questions raciales. Devenu très proche du poète martiniquais Aimé Césaire, et de l’écrivain guyanais Léon-Gontran Damas, il fonde avec eux la revue L’Étudiant noir, porte-voix de la négritude, l’identité noire brandie en étendard contre l’assimilation culturelle de la colonisation.
Léopold Sédar Senghor, poète et homme d’État
La négritude, c’est en d’autres termes la personnalité africaine, c’est l’ensemble des valeurs de civilisation du monde noir.
Voix off
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Léopold Sédar Senghor, devenu enseignant, intègre un régiment d'infanterie coloniale. Capturé par les Allemands, il est prisonnier de guerre pendant deux ans et passe la majorité de son temps à écrire. Personne ne se doute alors que le soldat deviendra un homme d’État et un poète reconnu dans le monde entier. En 1945, Senghor publie son premier recueil de poèmes, Chants d’ombre, inspiré des rythmes traditionnels sénégalais. Tentative de ressusciter l’Afrique précoloniale, ce recueil est aussi celui de la nostalgie et du Royaume d’enfance, avec notamment l’évocation de son village natal, Joal.
Léopold Sédar Senghor, poète et homme d’État
Joal ! Je me rappelle. Je me rappelle les signares, à l’ombre verte des vérandas. Les signares aux yeux surréels comme un clair de lune sur la grève.
Voix off
Socialiste depuis ses années étudiantes, Senghor est élu député du Sénégal le 21 octobre 1945. Un poste qu’il conservera jusqu'à l'indépendance, 15 ans plus tard. Artisan de la décolonisation, il devient en 1960 le premier président du Sénégal nouvellement indépendant. En parallèle de sa vie politique très active, Senghor continue d'écrire des essais et des poèmes. En 1980 et à la surprise générale, il démissionne pour ne se consacrer qu’à son œuvre, à la croisée de l’Afrique et de l’Europe. Après sa démission, Senghor se retire en Normandie. Il poursuit alors l’écriture de ses poèmes, conçus pour être psalmodiés ou chantés dans la tradition africaine. Senghor mentionne parfois les instruments traditionnels africains destinés à en accompagner la lecture.
Léopold Sédar Senghor, poète et homme d’État
Femme nue. Femme noire vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté.
Voix off
Tenant d’une double culture, française et sénégalaise, l’art de Senghor est nourri de reprises et répétitions à valeur incantatoire. Tout au long de son parcours, il publie de nombreux recueils, dont les célèbres Hosties noires en 1948, puis Éthiopiques en 1956 et les cinq volumes d’essais et de discours, Liberté. Amoureux de la langue française, Léopold Sédar Senghor est de tout temps un fervent promoteur de la francophonie. Et en 1983, il est élu à l’Académie française. Mort en 2001, il a laissé avec la notion de négritude un héritage immense, bien que parfois contesté de nos jours.
Léopold Sédar Senghor, poète et homme d’État
La négritude n’est pas fermeture sur soi, n’est pas racisme, la négritude est au contraire ouverture, car nous pensons que toute grande civilisation est métissage.