Voix off
Couleurs vives et profusion de motifs, le wax1 s'expose ici sous toutes ses coutures. Imprimée recto verso à la cire, cette fameuse pièce de coton est au premier plan des flamboyants portraits de la photographe kenyane Thandiwe Muriu qui célèbre la beauté africaine.
Thandiwe Muriu, photographe
Le wax nous rassemble et il est aussi un symbole de la féminité. Au Kenya, les femmes ont l'habitude de choisir ce tissu pour des événements très spéciaux comme un mariage, une remise de diplôme, dans le but de rayonner. Pour moi, il représente une part importante de l'identité africaine et l'afficher me permet en tant qu'artiste de montrer mon africanité tout en mettant en avant des thématiques liées aux femmes.
Voix off
Un emblème traditionnellement relié au continent africain qui a pourtant ses origines ailleurs, rattaché en effet à l'histoire coloniale.
Cindy Olohou, co-commissaire de l’exposition
Originalement, il vient plutôt d'Indonésie, de l'île de Java. Il s'inspire des batiks2 indonésiens. Au 19e siècle, les Néerlandais et les Anglais voient la technique du batik et l'industrialisent.
Voix off
Fabriqué en série aux Pays-Bas pour le marché indonésien, c'est finalement en Afrique qu'il connaît le succès à la fin du 19e siècle dans l'actuel Ghana.
Cindy Olohou, co-commissaire de l’exposition
Les motifs les plus populaires, vous avez le motif fleur de mariage qui illustre, comme son nom l'indique, tout ce qui est lié au mariage et qui sert souvent à faire des costumes pour le marié et la mariée. Il y a des motifs qui sont beaucoup plus contemporains parce que ces designs évoluent aussi au fil de l'actualité. Et donc par exemple, on va retrouver le motif « le sac de Michelle Obama » qui là fait référence à l'ancienne première dame des États-Unis.
Voix off
« Mon mari capable » ou « l'œil de ma rivale », des motifs à messages et des tissus rebaptisés par les Nana Benz3 du Togo, ingénieuses vendeuses et entrepreneuses ayant contribué à diffuser largement le wax dans les années 1960.
Gombo, artiste plasticien
À l'époque, pour afficher leur réussite, elles achetaient des Mercedes Benz, d'où leur nom Nana Benz. Je pense qu'il est important de valoriser les femmes et les femmes puissantes dans l'époque dans laquelle on vit. Et les Nana Benz sont l'incarnation de ces femmes puissantes.
Voix off
Aujourd'hui, le wax est toujours fabriqué aux Pays-Bas ; la production sur le continent africain est rare et la concurrence asiatique féroce. Tissu colonial pour les uns ou parure symbolisant pour d'autres la fierté africaine, il a traversé siècles et frontières et continue d'inspirer des créateurs de tous horizons.
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1 Le wax, « cire » en anglais, est aussi appelé « wax hollandais » ou parfois « ankara ». Ce tissu est mondialement reconnu comme typiquement « africain » car il est massivement utilisé par les populations d’Afrique de l'Ouest. (Source : d’après Wikipédia)
2 Le batik (mot javanais) est une technique de teinture résistante à la cire appliquée sur l'ensemble du tissu. Cette technique est originaire de l'île de Java, en Indonésie. Le batik est fabriqué soit en dessinant des points et des lignes de cire, soit en imprimant la cire avec un tampon en cuivre. (Source : Wikipédia)
3 Les Nana Benz sont des femmes d'affaires, originaires du Togo, actives dans les années 1960 à 1980 dans le commerce lucratif de pagnes en wax hollandais. En langue minan, dans le sud du Togo, dont la plupart des Nana Benz sont originaires, « nana » est un terme affectueux et familier. (Source : Wikipédia)