Patrick Simonin, présentateur de l’émission l’Invité
Et… et dans toutes ces civilisations, une force, j’allais dire, incroyable au niveau de la créativité. Et vous dites d’ailleurs aussi, des objets chargés de sens, de symboles.
Emmanuel Kasarhérou, président du musée quai Branly – Jacques Chirac
Oui, bien sûr. Y’a dans les collections… y’a des choses extrêmement lourdes, j’allais dire, par les symboles, par ce qu’elles… elles ont représenté pour des groupes humains. Et puis aussi des choses plus… plus ténues aussi, des choses du quotidien. Parce que les objets du quotidien nous rappellent aussi qu’il y a toute une partie dans une culture… y’a pas que la vie religieuse ou que la vie sociale des empereurs et des rois et des chefs. Y’a aussi le quotidien des humains. J’pense qu’un musée se doit de refléter ces différents aspects de la vie humaine.
Patrick Simonin, présentateur de l’émission l’Invité
Oui… Y’a un dialogue évidemment avec les pays d’origine de ces œuvres…
Emmanuel Kasarhérou, président du musée quai Branly – Jacques Chirac
Bien sûr.
Patrick Simonin, présentateur de l’émission l’Invité
Aujourd’hui des œuvres restituées quand c’est nécessaire. On pense… euh… Abomey…
Emmanuel Kasarhérou, président du musée quai Branly – Jacques Chirac
Oui.
Patrick Simonin, présentateur de l’émission l’Invité
Ce sera une collection pour le Bénin.
Emmanuel Kasarhérou, président du musée quai Branly – Jacques Chirac
Les vingt-six œuvres qui ont été saisies par le colonel Dodds au 19e siècle… en 1892 à Abomey qui vont être transférées, qui ont fait l’objet d’une loi devant le parlement – votée par le parlement – et qui vont être transférées à la fin de l’année physiquement dans un musée à Ouidah et ensuite un musée qui est en construction à Abomey, au Bénin… euh… dans la république du Bénin… euh… plus tard.
Patrick Simonin, présentateur de l’émission l’Invité
Oui. C’est un dialogue au fond…
Emmanuel Kasarhérou, président du musée quai Branly – Jacques Chirac
Ah c’est un dialogue. C’est un travail, c’est un travail commun, j’allais dire. Là on est en train d’élaborer toute une série de protocoles. Moi, je m’y suis rendu, il y a, il y a… au mois de mars pour établir justement la manière dont on allait transférer. Parce que c’est un, c’est comme une nouvelle adoption. C’est-à-dire, il a été adopté… ces objets… ces vingt-six objets ont été en France pendant plus d’un siècle, maintenant ils retournent chez eux au… dans la République du Bénin. Et il faut s’assurer… bon… ce sera pas sans une certaine… on versera, je pense, tous une larme de les voir partir. Mais on est heureux, en même temps, de voir qu’ils vont avoir une nouvelle vie et que ce patrimoine qui était, d’une certaine manière, préservé, puisque ces objets avaient été, ont été extraits d’un palais qui était en feu, quand même, euh… et qui vont retourner et vivre une vie nouvelle en retournant dans leur pays qui les a vu naître.
Patrick Simonin, présentateur de l’émission l’Invité
Oui, oui… On rentre au musée du quai Branly comme un peu dans une forêt.
Emmanuel Kasarhérou, président du musée quai Branly – Jacques Chirac
Oui.
Patrick Simonin, présentateur de l’émission l’Invité
C’est ça qui est fou, hein ? C’est en plein Paris…
Emmanuel Kasarhérou, président du musée quai Branly – Jacques Chirac
Et c’est la volonté du… de l’architecte, je pense aussi qu’il l’avait, qu’il l’avait… euh… Jean Nouvel… qu’il l’avait formulé de la même manière. Et moi j’aime assez cette idée, en fait, que d’abord il faut se perdre, ensuite on trouve son chemin. Et le musée se présente un peu de cette manière-là : perdez-vous un peu dans les différentes cultures, puis cherchez ce qui vous a…, ce qui vous attire, ce qui vous nourrit et construisez votre chemin au travers de ces collections.
Patrick Simonin, présentateur de l’émission l’Invité
Merci beaucoup Emmanuel Kasarhérou, président, donc, du musée du quai Branly – Jacques Chirac, d’avoir été notre invité. Merci beaucoup.
Emmanuel Kasarhérou, président du musée quai Branly – Jacques Chirac
Merci.