Le multilinguisme dans les organisations internationales

Disponible jusqu'au 20/01/2032 - 23:59Disponible jusqu'au 20/01/2032

Le multilinguisme, une affirmation de principe ou une réalité ?

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Rédiger un plaidoyer en faveur du multilinguisme.

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    Qu’en est-il du multilinguisme dans les institutions internationales ? C’est à cette question que l’Organisation internationale de la Francophonie tente de répondre en décembre 2019. Source de richesse indéniable, le multilinguisme accroît la capacité communicative, ouvre les esprits, promeut la paix et la démocratie. Toutefois, son avenir semble menacé.

    - Modifié le
    20/01/2022
    Voix off principale
    Peu après le déluge, alors qu’ils parlent tous une même langue, les hommes entreprennent de bâtir la tour de Babel dont le sommet toucherait le ciel. Mais Dieu, pour les punir de leur orgueil, décide de brouiller leur langue souhaitant ainsi les empêcher de communiquer. La punition a donné naissance à une multitude de langues : plus de 6000 langues sont parlées dans le monde et l’on considère aujourd’hui que c’est une richesse pour l’humanité.
    Seconde voix off
    « On est autant de personnes qu’on parle de langues. »
    Voix off principale
    Forte de 200 langues dont 24 sont des langues officielles de l’Union européenne, la richesse de l’Europe réside précisément dans sa diversité linguistique. La traduction permet de se comprendre, de mettre en relief les différences entre les cultures et d’apprécier la richesse de l’autre. Comme le dit l’écrivain Umberto Eco, la langue de l’Europe, c’est la traduction. La traduction permet de lutter contre la cacophonie de Babel. Dans les organisations internationales, comme ici à l’Union africaine, elle est un moteur puissant de l’égalité linguistique. Pourtant dans les faits, au sein des enceintes internationales, la tendance au monolinguisme ne fait que s’accentuer au point de constituer une menace pour le patrimoine de l’humanité, avec le risque de voir s’imposer une langue unique qui mènerait à une pensée unique.
    Seconde voix off
    « Le multilinguisme nourrit son homme. »
    Adama Samassékou, homme politique malien, président de l’Académie africaine des langues
    Savoir monter à cheval, savoir nager, connaître les arbres, c'est bien, mais rien ne vaut se connaître soi-même. Une langue, c’est d’abord le socle de l’identité culturelle. La langue de ce fait structure la pensée de ceux qui la parlent. Il est certain qu’imposer sa langue à l’autre, c’est lui imposer sa vision.
    Barbara Cassin, philologue, helléniste et philosophe française
    Parce que, comme nous le soutenons, la nature ne fait rien en vain. Quand je dis bonjour, par exemple, j’ouvre le monde d’une certaine manière. Mais quand je dis en hébreu ou en arabe « shalom », « salam », je parle de paix, je dis la paix soit avec toi. Ça n’est pas la même manière d’ouvrir le monde. Donc on voit bien qu’une langue déterminée est déterminée par toute une culture et ouvre une vision du monde, une appréhension du monde.
    Seconde voix off
    « Un homme qui parle une langue vaut un homme. Un homme qui parle deux langues vaut deux hommes. Un homme qui en parle trois vaut toute l’humanité. »
    Voix off principale
    Même une bonne maîtrise d’une langue étrangère ne permet pas de s’exprimer aussi aisément et précisément que dans sa langue maternelle. En choisissant de s’exprimer en anglais, nombre de fonctionnaires internationaux, de diplomates et de représentants des États se mettent d’emblée en situation de handicap.
    Paule Kekeh, interprète de langue française à la Commission européenne, formatrice
    C’est très important de s’exprimer dans sa langue maternelle lorsque l’on prend la parole dans une enceinte internationale. C’est dans sa langue maternelle qu’on est le plus précis, qu’on est capable de s’exprimer avec le plus de nuances et de subtilités. Ça peut même être compliqué d’avoir à interpréter quelqu’un qui s’exprime dans une langue qu’il ne maîtrise pas suffisamment.
    Voix off principale
    En effet, certaines questions, certains débats exigent l’approfondissement des idées et obligent à une plus grande rigueur de pensée que l’on exprimera jamais aussi bien que dans sa langue maternelle.
    Barbara Cassin, philologue, helléniste et philosophe française
    Traduire, c’est pour moi un savoir-faire avec les différences. C’est-à-dire que on est devant plusieurs mondes qu’il s’agit de faire communiquer. Cette circulation entre les langues, c’est à mon avis le geste le plus politique qui soit. C’est une vision plurielle et interactive, je dirais interagissante parce que, à moins de ça, il n’y a pas de monde.
    Seconde voix off
    « Apprends une langue, tu éviteras une guerre. »
    Voix off principale
    L’un des arguments régulièrement invoqués par les adversaires du multilinguisme, est celui du coût mais à titre d’exemple, pour l’ensemble des institutions européennes, le coût total du multilinguisme est estimé à 2 euros 20 par citoyen et par an, une somme raisonnable pour la garantie de débats démocratiques et du traitement égalitaire de toutes les langues. Le vade-mecum, ce texte relatif à l’usage de la langue française dans les organisations internationales a été adopté en 2006 par la conférence ministérielle de la Francophonie. L’Organisation internationale de la Francophonie, l’OIF, accompagne ses États et gouvernements membres dans la mise en œuvre de ce texte via des actions ciblées et des outils pertinents. L’OIF soutient notamment des formations adressées aux diplomates et aux fonctionnaires ainsi qu’aux traducteurs et interprètes de conférences. Lorsqu’un représentant d’un État membre de la Francophonie ne peut pas utiliser l’une de ses langues officielles, le vade-mecum recommande qu’il s’exprime en français. L’OIF soutient également un réseau d’observateurs des pratiques qui sont autant de relais pour l’action de la Francophonie. Ils sont les acteurs principaux du respect du multilinguisme au sein des différentes organisations. C’est ainsi que les groupes d’ambassadeurs francophones soutiennent activement par exemple les nominations de cadres francophones dans les organisations.
    Seconde voix off
    « C’est un bonheur que de parler plusieurs langues. »
    Voix off principale
    Tous les deux ans, depuis 1995, une résolution sur le multilinguisme est adoptée par la session plénière de l’assemblée générale de l’ONU à New York. Le texte insiste sur l’égalité de traitement des six langues officielles de l’organisation et sur la garantie donnée à chaque État membre de pouvoir s’exprimer dans la langue de son choix. Francophones, hispanophones et lusophones défendent d’une même voix le multilinguisme. Ils forment ensemble le réseau des trois espaces linguistiques. Loin du mythe de Babel, la Francophonie est engagée dans la reconnaissance de la diversité des peuples et de leur culture. Elle incarne une exigence de pluralisme aux antipodes de la pensée unique. Par la défense du multilinguisme, elle œuvre en faveur de la démocratie internationale.
    Seconde voix off
    « Tu as autant de personnalités que tu parles de langues. »
    Voix off principale
    Le modèle d’une langue unique, hégémonique est aujourd’hui obsolète et risque de propulser le monolinguisme au rang d’illettrisme du vingt et unième siècle. La diversité linguistique constitue actuellement un enjeu planétaire. Promouvoir le multilinguisme aux Jeux Olympiques et dans les organisations internationales, comme le fait l’OIF, c’est garantir un multilatéralisme réellement démocratique et des bénéfices pour les organisations comme pour leurs agents. C’est contribuer à l’entente entre les peuples et au respect de l’autre dans sa diversité. Et c’est aussi permettre à la jeunesse de construire un avenir riche de l’autre.