La Côte d’Ivoire sur le chemin de la paix

Disponible jusqu'au 08/06/2028 - 23:59Disponible jusqu'au 08/06/2028

Trente ans après la disparition de Félix Houphouët-Boigny, où en est la situation politique de la Côte d’Ivoire ?

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    Où en est la situation politique de la Côte d’Ivoire ? Dans cette interview accordée à Denise Époté, le 19 février 2023, Jean-Noël Loucou revient sur le bilan mitigé de ses héritiers et sur les moyens de mener le pays sur le chemin de la paix.

    Chaîne d'origine
    TV5MONDE
    - Modifié le
    01/11/2023
    LIENS :
    Pour aller plus loin
    Denise Époté, présentatrice de l’émission Et si… vous me disiez toute la vérité
    Pour Félix Houphouët-Boigny, la paix n’est pas un mot, mais un comportement. Son héritage est-il entretenu par tous ceux qui, en Côte d’Ivoire, se réclament être des « houphouëtistes » ?  
    Jean-Noël Loucou, historien et secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny
    Oui. Félix Houphouët-Boigny a laissé un leg considérable et c’est ce qui explique peut-être un peu la difficulté des héritiers. Il y a le leg matériel qu’il a laissé. On sait tout ce qu’il a fait pour promouvoir une agriculture nationale. Ce qu’il a fait pour l’éducation pour pouvoir former les Ivoiriens. Je rappelle que quand il prenait le pouvoir en 1960, le taux de scolarisation était à 8,5 % et quand il quittait le pouvoir on était à 74 %. Il a laissé aussi un héritage spirituel, on sait ce qu’il a fait pour la tradition d’œcuménisme en Côte d’Ivoire. On sait également qu’il a été un bâtisseur de cathédrale, de la basilique, de mosquée, etc. donc il y a un héritage spirituel. Et puis un héritage politique. Sa pensée politique, ses idées politiques et les partis politiques qui s’en réclament et qui ont l’obligation morale non seulement d’un devoir de mémoire à l’égard de Félix Houphouët-Boigny, mais également l’obligation politique de poursuivre son action dans le sens de la paix, de la concorde nationale, de la cohésion sociale. Est-ce qu’ils ont pu assurer cet héritage ? Je dirais que le bilan est mitigé. Au vu des difficultés que nous avons connues depuis la disparition de Félix Houphouët-Boigny. Je fais ici allusion à la quasi-guerre civile que nous avons connue de 2002 à 2011 et qui n’était pas à l’honneur des héritiers de Félix Houphouët-Boigny. Nous aurions pu faire l’économie de cela et rester dans le maintien de la paix, la sauvegarde de la paix comme le voulait Félix Houphouët-Boigny. Donc pour répondre brièvement à votre question, le bilan est mitigé pour ses héritiers qui n’ont pas toujours su maintenir justement ce climat de paix en Côte d’Ivoire.  
    Denise Époté, présentatrice de l’émission Et si… vous me disiez toute la vérité
    Jean-Noël Loucou, comment avez-vous réagi aux propos de l’ancien président Henri Konan Bédié, qui est d’ailleurs le protecteur du prix, quand il dit que son pays peinait à engager un dialogue entre ses fils et ses filles pour construire une paix durable ?  
    Jean-Noël Loucou, historien et secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny
    Oui. Je crois qu’il faisait allusion au dialogue politique qui a été initié par le parti au pouvoir avec l’opposition. Bien, il y a eu plusieurs étapes, plusieurs phases dans ce dialogue. On en est, je crois, à la cinquième phase. Ça veut dire que les choses ne vont peut-être pas aussi rapidement et aussi bien qu’on le voudrait. C’est ça qui explique, je pense, la sortie du président Bédié. Contrairement à ce que certains commentateurs ont pu faire ou dire, ce n’était pas pour jeter une pierre dans le jardin du président de la République, c’était un appel à la prise de conscience de tous les Ivoiriens de la nécessité d’un véritable dialogue politique inclusif et qui puisse nous amener à éviter, notamment à l’occasion des prochaines échéances électorales, les violences que nous avons connues.  
    Denise Époté, présentatrice de l’émission Et si… vous me disiez toute la vérité
    Mais treize ans après justement cette crise post-électorale à laquelle vous faisiez allusion, est-ce que les différents partis politiques ont pris conscience que la réconciliation nationale était un impératif ?  
    Jean-Noël Loucou, historien et secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny
    Je crois que ces partis ont pris conscience de cela. Et vous savez, on ne peut pas être éternellement dans la belligérance. Nous avons connu presque 30 ans de tribulations depuis le décès de Félix Houphouët-Boigny. Il faudrait que tous les acteurs politiques ivoiriens prennent conscience de la nécessité d’en finir avec cette situation de belligérance, avec cette situation de violence de toutes sortes que nous avons connue pour véritablement bâtir une démocratie, une vraie démocratie et une démocratie apaisée.  
    Denise Époté, présentatrice de l’émission Et si… vous me disiez toute la vérité
    Mais quel rôle pourrait jouer la fondation Félix Houphouët-Boigny pour accompagner justement cette réconciliation nationale que les Ivoiriens appellent de tous leurs vœux ?  
    Jean-Noël Loucou, historien et secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny
    Bien, déjà nous avons pu voir les trois grands leaders de la scène politique ivoirienne se retrouver à la fondation à l’occasion de la remise du prix. Ils ne s’étaient pas vus depuis deux ans, je crois. Ça, c’est déjà bien. Nous avons à la fondation une salle dénommée « salle de la réconciliation ». Peut-être qu’on pourrait demander aux trois grands de se retrouver pour mettre à plat leurs différends et proposer un chemin d’avenir apaisé à la Côte d’Ivoire.  
    Denise Époté, présentatrice de l’émission Et si… vous me disiez toute la vérité
    Jean-Noël Loucou, la journée du 8 février 2023 à Yamoussoukro a été chargée de symboles puisqu’on fêtait à la fois… non, ça marquait les 30 ans de la disparition de Félix Houphouët-Boigny et ce prix était décerné comme vous le disiez pour la deuxième fois dans sa ville natale, en présence de sa veuve Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, et en présence…  
    Jean-Noël Loucou, historien et secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny
    De son fils…  
    Denise Époté, présentatrice de l’émission Et si… vous me disiez toute la vérité
    du fils également, des deux anciens présidents et d’Alassane Ouattara. Est-ce que c’est un signe ?  
    Jean-Noël Loucou, historien et secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny
    Oui, je crois que c’est un signe. Et c’est un signal fort pour tous les Ivoiriens. Moi, de mon point de vue, il n’y a rien de fondamental qui sépare les Ivoiriens. Plus personne ne croit aux idéologies, surtout dans nos pays. Qu’est-ce que ça signifie la gauche, la droite ? Rien. Et je pense que nous avons un objectif, un défi à relever : c’est bâtir une nation, une nation comme l’avait souhaitée Félix Houphouët-Boigny. Une nation pacifique, une nation fraternelle et une nation prospère. Il a eu cette chance d’avoir gouverné sous le signe du parti unique. Il n’avait pas toutes ces dissensions-là. Mais je pense qu’on peut se retrouver par-delà les partis politiques autour de ces objectifs fondamentaux pour un pays. Je pense qu’on peut avoir des partis politiques différents, mais on peut se retrouver sur des majorités d’idées pour pouvoir conduire le développement durable dans notre pays, pour arriver aussi à une situation apaisée.  
    Denise Époté, présentatrice de l’émission Et si… vous me disiez toute la vérité
    Jean-Noël Loucou, merci infiniment.  
    Jean-Noël Loucou, historien et secrétaire général de la Fondation Félix Houphouët-Boigny
    Merci bien Madame de m’avoir reçu.