Kaï Tomety, coach de football

Disponible jusqu'au 01/06/2033 - 23:59Disponible jusqu'au 01/06/2033

Les filles sont nulles au foot ? Kaï Tomety va vous prouver le contraire.

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3:31

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    Kaï Tomety est la première femme entraîneure de football au Togo. Elle est aussi sélectionneure de l’équipe nationale féminine du Togo. Rencontre.

    Chaîne d'origine
    TV5MONDE
    - Modifié le
    06/07/2023
    Angela Aquereburu, présentatrice
    Vous êtes pionnière sur plusieurs choses : première institutrice de foot, première femme sélectionneuse, c’est incroyable ! Comment ça a été pour vous ; de commencer chaque fois avant les autres femmes ?
    Kaï Tomety, coach de football
    Je dirais tout simplement que c’est l’éducation reçue de mes parents, l’amour de se battre…
    Angela Aquereburu, présentatrice
    Ouais.
    Kaï Tomety, coach de football
    De se cultiver. Et mes parents me disaient toujours que les hommes n’ont pas deux têtes ni quatre pieds. Donc ce qu’un homme peut faire, une femme aussi peut le faire.
    Angela Aquereburu, présentatrice
    Peut le faire.
    Kaï Tomety, coach de football
    Donc ils m’ont toujours encouragée. Mon père voulait que je fasse de l’athlétisme[1], mais très vite, je me suis convertie en joueuse de football. Néanmoins, j’ai continué l’athlétisme jusqu’à l’université, parce que c’était le désir de…
    Angela Aquereburu, présentatrice
    De votre papa.
    Kaï Tomety, coach de football
    De papa. Et j’ai représenté le Togo en vitesse et en lancer de poids.
    Angela Aquereburu, présentatrice
    De poids. Mais alors justement, je voulais vous demander en parlant de représenter le Togo. Moi, je voudrais qu’on en parle là, là, là. On va mettre les cartes sur la table, là, là, maintenant.
    Kaï Tomety, coach de football
    Oui, le football ou la discipline, c’est un peu difficile. C’est pas rose pour les femmes de pratiquer le football au Togo. Je suis arrivée par mille combats. Donc, arrivée à l’université aussi, j’ai voulu opter pour le football. Mes professeurs ont refusé. Il n’y a pas de barème pour les filles en matière de football ; donc on ne peut pas me faire un barème spécial. Je suis revenue, j’ai dit : « Notez-moi comme les hommes. », pour avoir une moyenne de 12 sur 20, alors que je méritais plus. Il fallait aller à la Fédération. Ça a été le combat le plus difficile.
    Angela Aquereburu, présentatrice
    Le plus difficile ? Ouais.
    Kaï Tomety, coach de football
    Le cortège d’entraîneurs de la Fédération ne voulait pas m’accepter. Le président de la Fédération d’alors, Monsieur Rock Gnassingbé[2], c’est lui qui m’a portée. Il a mis des hommes à la tête des équipes féminines. Il ne trouvait pas de résultats. Il faut maintenant mettre une femme dans l’équipe pour voir qu’est-ce que ça peut donner. Et c’est mes camarades ont fait appel à moi[3]. Donc, j’ai été nommée entraîneur assistant. En 2013, je devais être la seule femme entraîneur assistant de l’équipe nationale qui devait faire partie du bureau. Et ils m’ont… Le bureau m’a rejetée. Ce n’est pas la place des femmes ici. Ou ce n’est pas le domaine des femmes, donc je n’ai pas eu le droit[4] de rentrer dans ce secteur-là. C’est que je me suis dit « Qu’est-ce qu’un homme peut faire dans le domaine du sport et que je ne peux pas faire ? » Je me suis dit que j’avais un génie en moi qui voulait faire[5] la discipline et c’est que[6] je me suis dit « Ah ! Ça doit être au prix de sacrifices, ça doit être un combat. » Et je me suis forgée, je me suis moulée pour faire face aux hommes dans le domaine. Et c’est j’ai pris une équipe masculine. De club du quartier, on est arrivés en deuxième division. Et ces entraîneurs ont commencé à dire[7] « Ah ! Oui, cette femme-là, elle fait quand même du bon travail. » Et après, je dirais que j’ai été affectée à l’INJS[8]  comme enseignante. Ils m’ont nommée entraîneur. J’ai pris pour la première fois, après trente ans, la coupe du championnat universitaire pour l’Institut. C’est tous les collègues ont commencé à[9] avoir un autre regard…
    Angela Aquereburu, présentatrice
    Le respect !
    Kaï Tomety, coach de football
    Le respect, oui. 
     
    --
     
    1.   La transcription a été corrigée par rapport à ce qu'on entend dans la vidéo : « Mon père voudrait que je fasse l’athlétisme».
    2.   Rock Balakiyem Gnassingbé a été président de la Fédération togolaise de football de 1998 à 2007, puis de 2009 à 2011. 
    3.   La transcription a été corrigée par rapport à ce qu'on entend dans la vidéo : « Et c’est là où mes camarades m’ont fait appel ».
    4.   La transcription a été corrigée par rapport à ce qu'on entend dans la vidéo : « Je n’ai pas le droit ».
    5.   La transcription a été corrigée par rapport à ce qu'on entend dans la vidéo : « Je me dis que j’ai un génie en moi qui veut faire ».
    6.   La transcription a été corrigée par rapport à ce qu'on entend dans la vidéo : « et c’est là, je me suis dit ».
    7.   La transcription a été corrigée par rapport à ce qu'on entend dans la vidéo : « Ces entraîneurs ont commencé par dire ».
    8.   L’Institut National de la Jeunesse et des Sports, rattaché à l’Université de Lomé depuis 2016, a pour mission principale de former le personnel enseignant de l’EPS, les encadreurs de sport et de jeunesse, ainsi que les animateurs socio-éducatifs.
    9.   La transcription a été corrigée par rapport à ce qu'on entend dans la vidéo : « Les collègues ont commencé par avoir un autre regard ».