Géopolitique des Jeux olympiques

Disponible jusqu'au 05/12/2034 - 23:59Disponible jusqu'au 05/12/2034

Entre mythe et réalité, comment les Jeux olympiques sont-ils perçus aujourd’hui ?

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Rédiger une lettre argumentative à l’attention du Comité international olympique.

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    « Idéal de paix par le sport traversant les frontières... » Les valeurs véhiculées par les Jeux olympiques sont-elles un mythe ? Dans l’émission Objectif Monde du 9 mai 2024, Dominique Laresche et ses invités, Patrick Clastres, professeur d'histoire du sport à l'université de Lausanne (Suisse), Michaël Tapiro, fondateur de Sport Management School, et Lukas Aubin, directeur de recherche à l'Iris, analysent les JO sous l'angle de la géopolitique.

    Chaîne d'origine
    TV5MONDE
    - Modifié le
    06/12/2024

    Dominique Laresche, journaliste TV5MONDE

    Ce qu’on voit très bien à travers ce reportage, c’est un peu, on va dire, l’universalité du sport. Là, on voit ce jeune Russe qui pratique ce sport, le breakdance [1], qui est très très américain. On a aussi en tête le basket en Chine qui est extrêmement promu également. C’est ça aussi qui est intéressant dans le sport, c’est que ça traverse les frontières, c’est…   
    Michaël Tapiro, fondateur de l’école « Sport Management School » 
    Alors, ouais, le sport va quoi qu’il arrive universaliser. On va avoir une sorte de langage commun à tout le monde et souvent, par le biais olympique, on va aussi universaliser certains sports. On le voit, par exemple avec le basket. Le basket, c’est un sport très technique avec des postes bien déterminés. Mais le basket à trois [2], c’est un peu plus facile et là, c’est passé sport olympique. On le voit avec le rugby à quinze qui est très codifié mais le rugby à sept [3] devient un sport olympique qui marche très bien avec des nations qui jamais, n’auraient pu constituer une équipe de rugby à quinze. Alors, ouais, c’est très encourageant. Là, on le voit surtout vis-à-vis de la volonté du CIO [4], et c’est tout à fait légitime, de rajeunir la population. On le voit, on a un petit champion de huit, neuf ans, c’est extraordinaire. Ce qui est intéressant, c’est que c’est pas un sport… un sport… oui, le breakdance c’est un sport ! Ce n’est pas un sport américain. En tout cas la pratique n’est pas exclusivement américaine, elle est universelle.   
    Dominique Laresche, journaliste TV5MONDE 
    Lukas Aubin, puisqu’on parle justement… on voit l’exemple de ce jeune Russe. On sait que la Russie, en tant que pays, est suspendue mais les athlètes seront présents aux JO de Paris [5]. Aujourd’hui est-ce qu’on peut dire qu’il y a encore un apolitisme ? L’apolitisme des JO, il existe encore ? Les Jeux sont encore apolitiques ou pas ?   
    Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Iris [6], géopolitique 
    Alors je crois que l’apolitisme des JO n’a jamais vraiment existé en fait. Par rapport à juste, Pierre de Coubertin [7], à l’origine, quand il a créé les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne, en 1896, à Athènes, il les a déjà politisés. Dès l’origine, il a interdit aux [8] femmes d’y participer, aux [9] colonies, etc., etc. Simplement aujourd’hui, il apparait de plus en plus clairement que cet apolitisme, en fait, est un mythe. À l’heure où justement, ce sport est ultra médiatisé, où on a un certain nombre de nouveaux acteurs qui cherchent à s’en emparer, au-delà évidemment de l’Occident. Et forcément la question du cas… enfin le cas russe entre guillemets, et bélarusse [10] d’ailleurs, pose un certain nombre de questions puisque…   
    Dominique Laresche, journaliste TV5MONDE 
    …qui participeront sans leurs couleurs, sans leurs drapeaux…   
    Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Iris, géopolitique 
    …c’est ça.   
    Dominique Laresche, journaliste TV5MONDE 
    …et sans leurs hymnes nationaux respectifs.   
    Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Iris, géopolitique 
    …exactement, et donc le CIO a jugé que ce conflit entre la Russie et l’Ukraine méritait une sanction à l’encontre du pays agresseur… des deux pays agresseurs donc Russie et Bélarus. Par contre il existe un certain nombre d’autres conflits sur la planète actuellement qui ne sont pas, eux… pour lesquels [11] les États ne sont pas sanctionnés. Donc ça pose un certain nombre de questions.   
    Dominique Laresche, journaliste TV5MONDE 
    Patrick Clastres, justement là sur ce côté « sport, Jeux et politique », CIO et politique. Est-ce que ça a déjà servi à quelque chose le boycott sportif ou alors de faire participer des athlètes sous bannière neutre ou d’exclure un pays, ça a pu être le cas aussi. Est-ce que ça a déjà fait avancer… est-ce que ça a déjà eu une incidence positive sur un conflit ? Est-ce qu’on arrive à mesurer cela ?   
    Patrick Clastre, professeur d’histoire du sport à l’université de Lausanne (Suisse) 
    Non ! Mais il y a une très grande ambivalence des Jeux olympiques. C’est à la fois un lieu où les nations se rassemblent et en même temps où elles s’affrontent. Donc c’est quelque chose qui est difficile à manipuler politiquement. Et tous les conflits du siècle viennent se déverser dans l’arène olympique. Le CIO a une sorte de capacité quand même à tenir à distance les États, les intrusions politiques, en neutralisant, ce que font pas des tas d’autres institutions, hein, l’ONU n’arrive pas à faire la même chose. En même temps, il y a une large hypocrisie aussi qui fonctionne sur cette thématique-là. Donc le CIO est pris au piège, en quelque sorte, du drapeau et des nations. Il devrait revenir à ses origines. Aux premiers Jeux olympiques, il n’y avait pas de maillots nationaux, les athlètes concourraient à titre individuel, au titre de leur club. Alors je pense qu’on y arrivera parce que c’est ce qui est attendu par les athlètes du monde entier, peut-être aussi par les spectateurs. C’est la seule manière de sortir du piège géopolitique. C’est de mettre à terre les références nationales. On impose aux Russes un… pas d’hymne, pas de maillot, pas de drapeau. Ben autant le faire à tout le monde et tout le monde sera sur un même pied d’égalité et les tensions géopolitiques sortiront forcément de l’arène.   
      
     [1] Le breakdance, aussi appelé breaking, est un style de danse développé à New York dans les années 1970, caractérisé par des mouvements de corps saccadés, son aspect acrobatique et ses figures au sol. Des archives montrent qu’une forme de breaking était dansée en Afrique, à Kaduna, au Nigéria, dans les années 1950. (Source : Wikipédia).
    [2] Le basket-ball à trois est une variante du basket-ball, opposant deux équipes de trois joueurs au lieu de cinq, sur un demi-terrain. Ce format est devenu discipline olympique à partir des Jeux olympiques de 2020. (Source : Wikipédia).
    [3] Le rugby à sept est une variante du rugby à quinze. Ce sport se joue par équipes de sept joueurs sur le terrain en reprenant les caractères communs du rugby à quinze. Originaire d’Écosse, le rugby à sept est devenu sport olympique à partir des Jeux de Rio de Janeiro de 2016. (Source : Wikipédia).
    [4] Acronyme pour Comité international olympique. Il s’agit d’une organisation créée par Pierre de Coubertin en 1894 pour réinstaurer les Jeux olympiques antiques et organiser cet événement sportif tous les quatre ans, puis en alternant tous les deux ans à partir de 1994, Jeux olympiques d’été et Jeux olympiques d’hiver. (Source : Wikipédia).
    [5] En 2024, les Jeux olympiques d’été se sont déroulés à Paris du 26 juillet au 11 août. (Source : Wikipédia).
    [6] Acronyme pour Institut de relations internationales et stratégiques.
    [7] Pierre de Coubertin (1863-1937) est un historien et pédagogue français fortement influencé par la culture anglo-saxonne et ayant particulièrement milité pour l’introduction du sport dans les établissements scolaires français. Il est le rénovateur des Jeux olympiques de l’ère moderne en 1894 et le fondateur du Comité international olympique (CIO) dont il est le président de 1896 à 1925. (Source : Wikipédia).
    [8] Cette phrase a été corrigée par rapport à ce que l’on entend dans l’entretien : « a interdit les* femmes d’y participer… ».
    [9] Cette phrase a été corrigée par rapport à ce que l’on entend dans l’entretien : « les* colonies… ».
    [10] Relatif à la Biélorussie ou Bélarus, son peuple, sa culture ou sa langue. (Source : Wikipédia).
    [11] Cette phrase a été corrigée par rapport à ce que l’on entend dans l’entretien : « dont* les États… ».