Genève internationale : quel présent et quel avenir ?

Disponible jusqu'au 13/11/2024 - 22:59Disponible jusqu'au 13/11/2024
Quelle est la place de Genève sur le plan international ? Quel avenir pour cette ville face à la concurrence économique et politique ?
Donner son point de vue et acquérir le vocabulaire de la diplomatie.
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    Depuis deux cents ans, Genève ne cesse d'évoluer sur la scène mondiale aussi bien sur le plan politique et diplomatique que sur le plan économique. Mais face à une concurrence de plus en plus vive, elle doit réussir à garder se place de «Genève internationale».
    Production
    RTS et TV5MONDE
    Chaîne d'origine
    RTS
    - Modifié le
    10/08/2021
    LE CONTEXTE
     
    Bienvenue sur Geopolitis. En cette année 2014, Genève se souvient qu'il y a très exactement 200 ans, elle devenait Suisse. Autre commémoration : Genève se rappelle qu'il y a 151 ans, avec la création de la Croix Rouge, elle devenait la Genève internationale. C'est en effet en 1863 avec la création de la Croix Rouge par l'un des plus célèbres Genevois, Henri Dunant, que Genève effectuait ses débuts sur la scène mondiale.
     
    Et depuis, la ville du bout du lac n'a cessé de développer ses composantes internationales, qu'il s'agisse de l'office européen des Nations Unies, d'un nombre élevé de représentations diplomatiques, de tout un secteur humanitaire, d'une multitude d'ONG, organisations non gouvernementales, sans oublier, la présence de nombreuses multinationales et de plusieurs sièges mondiaux ou européens de grandes entreprises. La question que pose Geopolitis est celle-ci : quel est l'avenir de cette Genève internationale, face à une concurrence de plus en plus vive et au regard d'une situation économique et politique qui évolue, et pas toujours dans le sens souhaité !
     
    Mais d’abord, faisons un compte global, pour illustrer ce que représente cette Genève internationale, relevons que cette entité emploie 100 000 personnes. 
    Il y a d'abord tout le secteur des organisations internationales et ONG : 172 pays sont représentés d'une manière permanente au siège de l'ONU. Il se tient à Genève 2700 réunions internationales par an et cela fait venir 200 000 délégués et experts du monde entier. Il y a ensuite, tout le secteur des multinationales étrangères : on en compte 754, soit bien plus que de multinationales suisses qui sont au nombre de 177. Ces multinationales étrangères font travailler 46 000 personnes et cela représente 24 % de tous les salaires versés à Genève.
     
    Sortons de ces statistiques, et parlons politique : il est évident que la Genève internationale constitue un formidable atout pour la ville, pour la République et Canton de Genève, et aussi pour la Suisse. Un atout de politique étrangère ; on l'a encore vu depuis un an avec les conférences de Genève sur la problématique du nucléaire iranien, sur la question des armes chimiques en Syrie, ou encore avec la conférence malheureusement inachevée dite de Genève 2 sur la guerre dans ce pays, la Syrie. C'est à Genève que s'est inscrite toute une série de pages de l'histoire du monde, des débuts de la SDN, la Société des Nations, à l'installation de l'office des Nations unies dans le Palais du même nom. En somme, il y a un « esprit de Genève », déjà souligné par celui qui était alors le chef du gouvernement français, Edgard Faure, lors de la conférence internationale, c'était en juillet 1955.
     
    EXTRAIT VIDÉO SONORE
     
    Esprit ou pas, il y a aussi des situations d'échec pour cette Genève internationale qui doit défendre son rôle, son nom, sa réputation, on peut aussi dire, sa place, face à des villes ou des pays qui ne rêvent que de lui arracher quelques perles précieuses. En somme, la Genève internationale est fière de son passé et de son présent, cela ne l'empêche pas de se questionner sur son avenir.
     
     
    LE REPORTAGE
     
    La Genève internationale : une vocation
    Il s'appelait Henri Dunant. L'humanitaire, ce n'était pas son business. D’ailleurs, ses voyages, il les effectuait pour affaires. Et puis, il s'est retrouvé un peu par hasard sur le champ de bataille de Solférino, en 1863, il a vu l'horreur de la guerre, les morts par milliers, les blessés délaissés, il s'est dit qu'il fallait « humaniser » la guerre, à défaut de pouvoir l'interdire. C'est de là que vient la création de la Croix Rouge internationale. C'est à partir de ces idées-là que se rédigeront les conventions de Genève, et c'est à cette date-là que naît la Genève internationale. À l'humanitaire viendra ensuite  s'ajouter le politique : en 1919, à l'issue de la Première Guerre mondiale, c'est Genève qui est choisie pour abriter la toute nouvelle Société des Nations, voulue, entre autres, par le président américain Wilson. La Suisse, il faut le rappeler, aura adhéré à la dernière minute à cette SDN, obtenant et le siège de l'institution et la reconnaissance de sa neutralité. Mais la Genève internationale ne trouvera sa vraie et définitive dimension qu'avec la construction du Palais des Nations, décidée d'abord pour les besoins de la SDN, mais qui, après la Seconde Guerre mondiale, sera le siège européen de la nouvelle Organisation des Nations unies, l'ONU. Un Palais qui sera la fierté, le pôle central de la Genève Internationale, un Palais, qui, comme tous les palais, vieillira au point que, 80 ans plus tard, il convient désormais de le rénover.
     
    Genève, capitale de la recherche de la paix.
    Pendant des décennies, et surtout durant toute la période de la guerre froide, Genève aura été considérée comme la ville ou l'on peut toujours se rencontrer, même avec l'ennemi, pour chercher à établir la paix, à défaut de pouvoir toujours la trouver et l'imposer. Genève, c'est une longue suite de conférences, de tables rondes, d'entretiens souvent discrets, de conférences de presse parfois spectaculaires, par exemple c'est à Genève en 1954 que l'on cherche une fin au conflit en Indochine. C'est  au bord du lac que les grands de ce monde, en 1955, parlent d'une possible réunification allemande. C'est  dans la ville de Calvin que Reagan et Gorbachev vont se serrer la main, en 1985 : le mur de Berlin n'a plus que 6 ans à vivre, mais les deux hommes sont loin de s'en douter. Un autre président américain, George Bush père viendra jusqu'à Genève pour parler de la très prochaine guerre du Golfe à un homme qui pourtant voyage très peu, le syrien Hafez el Assad. Par la suite, on parlera, on négociera beaucoup, à Genève, à propos de la guerre en Yougoslavie, avec, toujours, l'espoir d'une possible paix, qui, hélas, ne se concrétisera pas, pas encore. Et juste avant la guerre d'Irak, en 2003, Genève verra Colin Powel tenter une rencontre de la dernière chance, avec, toujours, ce même but : peut-on éviter une guerre ? De textes en traités, de résolutions en communiqués, en cette année 2003, on en viendra à adopter un texte d'un nouveau genre, une initiative, dite « l'initiative de Genève », sur un possible règlement du conflit israélo-palestinien. Des rendez-vous, les années 2013 et 2014 en auront connu un grand nombre : réunions multipartites à propos de la question du nucléaire en Iran, l'accord in extremis et inespéré sur l'interdiction des armes chimiques en Syrie, deux conférences, hélas stériles, sur, précisément, cette guerre en Syrie  avant un accord plus que fragile sur la question de l'Ukraine. Toutes sortes de rencontres au sommet qui ne doivent pas occulter le fait que, par ailleurs, il se tient à Genève, par an, quelque 4500 réunions internationales.

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