Environnement

Disponible jusqu'au 02/01/2029 - 23:59Disponible jusqu'au 02/01/2029

Quelle est l’origine du mot « environnement » et de quelle manière influence-t-elle notre perception ?

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    « Environnement » est un mot omniprésent de nos jours. Mais quelle est son origine ? Et comment son histoire a-t-elle influencé notre conception ? Cette vidéo vous propose un éclairage étymologique sur cette notion si fondamentale. 

    Chaîne d'origine
    TV5MONDE
    - Modifié le
    25/11/2024
    Aurore Vincenti, linguiste
    Environnement. En 1971, est instauré en France, sous Pompidou1, le « Ministère chargé de la protection de la nature et de l’environnement2. » À cette date, le mot environnement n’est défini dans le Petit Robert3 que depuis une poignée d’années (1964) et il est encore largement méconnu du grand public. Voilà la définition de l’époque : « Ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) dans lesquelles les organismes vivants (en particulier l’homme) se développent. » Le mot ne date pourtant pas des années 60 puisqu’il est employé dès le XIIIe siècle dans des contextes géographiques. En France, on trouve quelques traces du mot, notamment en 1921, dans les Principes de géographie humaine de Paul Vidal de la Blache4, pour renvoyer au milieu dans lequel nous vivons. Dans les années 50, on voit apparaître des emplois du terme en psychologie et en éthologie pour parler de l’environnement comme « cadre de vie ». Enfin, le mot se spécialise en écologie dans les années 60-70 sous l’influence de la langue anglaise. Il a pourtant une origine bien franco-latine, avec son préfixe en- (in-) qui a une valeur de préposition de lieu et l’ancien français viron « tour », « rond, cercle », dérivé du verbe virer « tourner, faire tourner ». L’environnement est étymologiquement : « ce qui se situe autour, ce qui entoure ». Et c’est sans doute l’étymologie de ce mot, son histoire sémantique, qui a influencé la perception que nous en avons actuellement. Si l’environnement est ce qu’il y a autour, alors l’humanité a eu tendance à se percevoir comme au centre de tout. L’environnement joue le rôle de soutien, d’accueil, de ressource et non d’acteur en ce monde. C’est le défaut majeur de l’emploi de ce mot qui contribue à cultiver un idéal de supériorité humaine, tellement supérieure qu’elle ne se sent pas faite de la même étoffe que ce monde et qu’elle n’a donc aucune raison de s’en soucier. C’est pourtant le terme qui a été choisi pour être au cœur du discours de l’écologie politique. La notion d’environnement a acquis une place politique et économique qui en a fait une question sociale. Malheureusement l’importance, voire la gravité, de cette question sociale est atténuée par le fait que ce mot reste marqué, dans le langage courant, par la conception que l’humain reste détaché de son environnement et donc qu’il n’est pas concerné. Pourtant, il y a bien l’idée selon laquelle aucun organisme vivant ne peut être envisagé sans son environnement. Les grandes catastrophes écologiques ont facilité la prise de conscience de la nécessité de l’attention à apporter à l’environnement pour qu’il reste vivable. Des définitions du mot plus récentes s’affinent et intègrent la notion d’interaction humaine avec l’environnement et avec d’autres organismes vivants : donc le fait que l’environnement agit sur l’activité humaine et que l’activité humaine agit également sur l’environnement. Mais c’est certainement en l’associant à d’autres termes comme écologie ou vivant que l’environnement peut se sortir des conceptions bornées que nous en avons.  
     
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    [1] Georges Pompidou (1911-1974) fut Premier ministre de 1962 à 1968 puis président de la République française de 1969 à sa mort. (source : Wikipédia.)

    [2] Le 7 janvier 1971, le président de la République française Georges Pompidou crée pour la première fois un ministère de l’Environnement en nommant Robert Poujade « ministre en charge de la Protection de la nature et de l'Environnement ». (source : Wikipédia.)

    [3] Le Petit Robert est un dictionnaire de langue française, édité pour la première fois en 1967. C'est une version abrégée en un seul volume du Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (futur Grand Robert) qui en comptait six. (source : Wikipédia.)

    [4] Paul Marie Joseph Vidal de La Blache ou Vidal-Lablache (1845-1918) est un géographe, cartographe et professeur français. Il est un des fondateurs de la revue Annales de géographie , socle du renouvellement de la géographie française à la fin du XIXe siècle. Son ouvrage posthume Les Principes de géographie humaine est une analyse de la géographie classique appliquée à l'étude de l'être humain. (source : Wikipédia.)