Défense des droits de l'homme : quel rôle pour le 7e art ?

Disponible jusqu'au 31/12/2030 - 22:59Disponible jusqu'au 31/12/2030
Qu'apporte le cinéma à la diplomatie ?
Maîtriser le discours rapporté.

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Durée
15:03

Vidéo

Geopolitis-7eArt-video
Ressources pédagogiques
  • C1

C1 expérimenté

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Grammaire : argumentation
Grammaire : concordance des temps
Grammaire : discours rapporté
Vocabulaire : définitions
Écrire : Écrire
Éducation aux médias : reportage
Éducation aux médias : éditorial
Éducation aux médias : invité-e
Éducation aux médias : relation images/bande sonore
Fiche pédagogique
    Le cinéma, la politique, la défense des droits de l’homme, le rôle du cinéma dans la société, la guerre, le film d’animation, le cinéma militant, les festivals de cinéma.
    Production
    RTS / TV5MONDE
    Chaîne d'origine
    RTS
    - Modifié le
    10/08/2021
    Le contexte
    Bienvenue sur Géopolitis.
    C’est Jean-Luc Godard qui l’affirme : « avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout ». Bel hommage au grand écran, mais qui n’exclue pas le questionnement. Par exemple, en matière de droits de l’homme, est-ce que le septième art peut apporter sa contribution ? Est-ce que le cinéma joue un rôle dans l’illustration, dans la défense de ces droits humains, on dirait aujourd’hui, dans la conscientisation du monde ?
     
    Nous avons tous en tête la fameuse scène du film de Charlie Chaplin, Le Dictateur, où Charlot joue le rôle de Hitler, le dictateur qui lui-même joue avec un ballon en forme de globe terrestre qui est son monde, celui qu’il entend dominer. Une formidable dénonciation politique avant même le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale et qui stigmatise ce dictateur pour qui l’homme n’avait aucun droit.
    Mais le cinéma, à lui seul, peut-il remplir ce rôle de dénonciateur et d’imprécateur ? Géopolitis se penche sur le cinéma qui, en noir et blanc ou en couleurs, nous montre au moins ce qu’il y a de l’autre côté de l’écran.
     
    C’est un film de Roman Polanski, Le Pianiste, Palme d’or en 2002 au Festival de Cannes, une histoire poignante qui ne représente qu’une page dans la grande Histoire tout aussi émouvante du ghetto de Varsovie. C’est un film qui évoque l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Un autre film, celui de Paul Greengrass, Bloody Sunday, à propos de l’Irlande, nous ramène à l’article 18 de cette Déclaration des droits de l’homme : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ».
    Alors, on parlait il y a un instant de Cannes et de son festival. Une autre Palme d’or en 2004 avait récompensé le célébrissime film de Michael Moore Fahrenheit 9/11. Un réquisitoire, le premier peut-être, à l’encontre de la guerre contre le terrorisme telle que George Bush entendait la mener.
     
    Oui, le cinéma constitue parfois un rendez-vous où l’on parle des droits de l’homme. C’est vrai à Hollywood où l’on a souvent, mais pas toujours, stigmatisé la guerre ou plutôt les guerres menées par l’Amérique. On a en mémoire Platoon, Apocalypse Now ou Il faut sauver le soldat Ryan. Bref, des histoires, des films avec une intrigue, des combats, des héros, des salauds, du sang, en somme la guerre telle qu’on ne la voit pas toujours sous son vrai visage, à la télévision, sur internet ou dans les journaux.
     
    À Paris, un cinéaste engagé comme Costa-Gavras, nous a laissé des documents inoubliables tels que État de siège, l’Aveu, ou encore Z. Autant de titres qui ont marqué et sensibilisé des générations entières.
    À Genève, on vit à l’heure du Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains. Une neuvième édition qui a pour principe : un film, un sujet, un débat. Car le cinéma, s’il ne peut pas tout, peut beaucoup lorsqu’il s’agit de montrer et donc de démontrer !
     
     

    Le reportage
     
    La guerre au cinéma : c’est pour de vrai ?
    Les sentiers de la gloire, quel beau titre ! Mais les sentiers étaient boueux et la gloire n’était pas au bout du chemin. Stanley Kubrick, dans ce film qu’on avait presque oublié, revisitait la Première Guerre mondiale avec un Kirk Douglas dans les tranchées face à des soldats rebelles et surtout face à une hiérarchie butée et criminelle. Un épisode peu connu des mutineries de l’année 1917.
    Non, la guerre n’est pas belle. Ni dans les tranchées de Verdun, ni dans la jungle d’un Vietnam « napalmisé ». Les poilus avaient des droits, les GI des devoirs. Platoon le rappelait, c’était un film, c’était aussi la réalité. Le cinéma réécrivait sur la durée les scènes que l’on avait vues à la télévision, mais d’une manière fragmentée.
    La guerre toujours, la Deuxième Guerre mondiale, à travers le prisme de ce soldat Ryan qu’il fallait absolument sauver, le Débarquement comme on ne l’avait jamais vu peut-être parce que l’on n’avait pas osé, parce que sur les plages de Normandie, les frères Ryan n’avaient que le droit de se faire tuer.
    La guerre n’est décidément pas belle dit le cinéma et ce qui finance la guerre n’est pas très beau non plus grâce à Blood Diamond, les diamants du sang, nous savons que tous les trafics sont possibles, de l’or au diamant, de l’uranium au platine, quand il s’agit de faire la guerre et de la faire durer.
     
    Il arrive enfin qu’après une guerre, on s’interroge publiquement sur ce qui reste des droits de l’homme, dix ou vingt ans après les atrocités des combats. Tout récemment, le film Valse avec Bachir offre une interrogation lancinante sur l’opération israélienne à Beyrouth en 1982. La forme animée est nouvelle, le fond reste le même. Non, cinéma ou pas, la guerre n’est pas belle.
     
     
    Le cinéma fait-il de la politique ?
    Il avait fait fort, Charlot ! Dénoncer Hitler avant tout le monde, au cinéma et avec des situations burlesques qui ne pouvaient qu’accentuer le caractère odieux, criminel de ce IIIe Reich qui, à l’époque, était encore en pleine ascension. Charlie Chaplin aussi puissant dans la démonstration et la dénonciation que le serait aujourd’hui l’ensemble des ONG soucieuses de droits de l’homme. La preuve, on le cite encore en exemple.
     
    Autre ton, autre guerre, autres mœurs, c’est Michael Moore en gêneur, en poil à gratter, en imprécateur dans Fahrenheit 9/11, un dossier à charge contre un président américain jusqu’alors épargné y compris au cinéma, au nom d’un patriotisme général et obligatoire. Le film eut un impact énorme en ce qu’il était le négatif d’une Amérique a priori unanime derrière son commandant en chef.
     
    C’est encore le cinéma qui nous fit prendre conscience de ce qu’un régime dictatorial se disant populaire pouvait engendrer comme horreur suprême, un génocide. Le Cambodge des années 70 et une déchirure qui là-bas fit des millions de morts et ici nous rendit au minimum, plus attentifs, moins aveugles et donc moins complices face à ce genre de dérives.
     
    Plus près de nous dans le temps et grâce encore à une technique d’animation, l’œuvre de Marjane Satrapi portée à l’écran avec un Persepolis qui pose les bonnes questions sur l’Iran du 21e siècle. Là-bas, c’est la Révolution verte, c’est la répression, ce sont les images prises par les téléphones portables, étonnant ce que la technologie de l’image peut faire pour dénoncer les atteintes aux droits de l’homme : le mobile, Internet, la BD et ici, le cinéma d’animation.

    L’éditorial
    C’est parfaitement injuste ! Quand on dit « C’est du cinéma », ça signifie d’une manière péjorative, ce n’est pas vrai, ce n’est pas la réalité. C’est injuste dans la mesure où dans notre société dite palm optique, c’est-à-dire que tout passe par le filtre et l’œil d’une caméra ou d’un appareil photo, c’est désormais ce qui est vu qui est cru. Autrement dit, s’il n’y a pas d’image de l’évènement, il n’y a pas d’évènement ou en tout cas on n’y croit pas vraiment.
    Quand il y avait des massacres pendant le début de la guerre civile en Algérie, aucune image ne sortait. Pas d’image, pas de massacre, pas d’atteinte aux droits de l’homme, pas de condamnation ou si peu. Le 11 septembre, il y a dix ans, nous aura tous interpellés et marqués parce que l’évènement était télévisé et en direct. Or, il se trouve que le cinéma agit bien souvent et par magie, comme un substitut de la réalité, au point que parfois, nous confondons la réalité et la fiction. La vision que nous retenons du Vietnam, c’est Apocalypse Now, le débarquement de 44, c’est Le jour le plus long, la vraie fin de l’Apartheid en Afrique du sud, c’est Invictus.
     
    La réalité par l’image, par le scénario et par le talent ça c’est du cinéma, du bon cinéma !