Voix off Confinement. Il jaillit de toutes les bouches et tombe dans toutes les oreilles. Le mot nous questionne sur notre capacité à conserver et cultiver notre liberté. En effet, le premier sens et celui qui nous intéresse renvoie à l’interdiction de quitter un lieu, à l’isolement et à l’emprisonnement. Dans l’ensemble et en cette période de pandémie, le mot n’est pas des plus réjouissants, mais il a bien fallu l’intégrer à notre vocabulaire quotidien d’une part - alors qu’il était plutôt rare et littéraire - et, d’autre part, s’adapter à sa réalité qui nous est imposée… Pourtant, le confinement nous invite à penser la distanciation et le lien social : c’est pour se protéger soi mais aussi les autres. Face à la propagation du virus, c’est faire acte de solidarité que de se retrancher dans ses confins. En latin, l’adjectif confinis signifie « contigu, voisin », et le nom confinium est la « limite commune à des terres », des champs par exemple. Le mot renvoie donc au « voisinage ». Dès lors, on peut penser les confins comme limites, frontières mais aussi comme points de contact entre moi et les autres, mes voisins. On dit bien qu’une chose « confine à » une autre pour dire qu’elles sont proches, contiguës. En quelque sorte ça me pousse à prendre en compte ce qu’il y a de l’autre côté de la frontière ou de la barrière qui limite mon champ. On parle bien de « gestes barrières » pour protéger tout le monde ! Pour celles et ceux qui vivent en ville, le confinement est un resserrement violent des limites physiques, concrètes aux quatre murs du logement. Pour les autres, il apparaît plus proche de la définition qu’avaient les confins dès le Moyen-Âge. Rester chez soi ne restreint pas à la pièce ou l’appartement, mais repousse les limites au bout du jardin, peut-être des bois et des terres qui entourent la maison. Il y a même une impression de lointain, presque de bout du monde, qui peut nous aider à rêver aujourd’hui. Reste pourtant la distinction incompressible entre le participe passé et l’emploi pronominal qui pose des limites à notre rêverie : entre être confiné et se confiner, il y a la question du choix. Une liberté de choisir dont la pandémie nous prive aujourd’hui…