Dominique Laresche, présentatrice de l’émission Objectif Monde
Maxime Corneau, on va revenir vers vous. Mais j’ai une question pour Vincent Kaufmann avec qui on va regarder cette tablette sur comment on se déplace au quotidien. Alors on voit aux États-Unis, 75% voitures personnelles, 12% les transports publics ; la Chine, 64% avec la voiture, 21% un petit peu plus de transports en commun, beaucoup de vélos, hein, 23% véhicules partagés. Et puis, on voit le bon exemple qui est l’exemple des Pays-Bas avec 55% pourtant encore de voitures, 19 et 35 de vélos personnels. Euh, les Pays-Bas, ça reste les bons élèves ? Les pays du Nord, les pays nordiques en Europe, ça reste les bons élèves ? Et on sent aussi que, effectivement sur le continent nord-américain, la voiture reste quelque chose de très présent, de très important ?
Vincent Kaufmann, professeur de sociologie urbaine à l'école polytechnique fédérale de Lausanne
Oui, alors il y a des très grandes différences effectivement dans le monde mais je crois qu’alors on pourrait avoir une interprétation un peu culturaliste en disant les Américains ont la tête un peu faite différemment des Européens du Nord et des Européens du Sud qui sont aussi plus tournés vers la voiture, je pense que ce qu’il y a derrière ces différences surtout, c’est des offres qui sont très très différentes. Si vous regardez voilà le…, si vous voulez utiliser le vélo quand vous êtes aux Pays-Bas, vous avez à votre disposition des infrastructures extrêmement performantes, de la même manière, on pourrait trouver des villes en Europe où vous avez des transports en commun qui sont très performants là, où au contraire, dans certaines parties du monde, c’est uniquement la route, en fait. On voit que dans le monde, d’une façon générale, le ferroviaire est fort lorsqu’on a des États forts. Et voilà, donc je pense que, c’est clair qu’aux États-Unis, au Canada, il y a eu une période, un âge d’or du ferroviaire et notamment du tramway et puis voilà, ça a été balayé dès les années 1920, donc euh voilà. Mais je crois vraiment que cette question… On réagit comme usager dans sa vie quotidienne à ce à quoi on a accès et on construit ses modes de vie avec ces moyens de transport. Et moi, ce que j’ai pu constater en travaillant sur ces questions à la fois en Europe mais aussi en Amérique du Nord, c’est que, bon, on a de façon générale quand même pour beaucoup de populations une certaine dépendance à l’automobile, c’est-à-dire qu’on est, il suffit d’habiter dans des zones un peu rurales, éloignées, en Europe, on le voit en France, on le verrait aussi en Suisse d’ailleurs ou à peu près dans tous les pays européens, on le voit a fortiori aux États-Unis même dans les villes, beh on est un peu obligé de se déplacer en voiture parce que le territoire a été organisé pour ça mais en fait les gens en souffrent d’une certaine manière, ils n’ont pas forcément envie, voilà, de se déplacer comme ça.