Voix off Ces favelas font face à des dizaines de cas de contamination. La quarantaine a été imposée, les habitants appelés à rester chez eux. Mais ce confinement est difficile à respecter : ici vivent un million et demi de personnes, dans une grande précarité.
Edson, chauffeur de moto-taxi
Comment voulez-vous que les gens restent chez eux sans travailler et sans gagner d’argent ? En plus, dans les supermarchés on ne peut plus rien acheter.
Voix off
Habitués à se serrer les coudes, les habitants de cette association de quartier sont mobilisés.
Kelly Vianna, responsable communautaire
Voilà, on a du riz, des haricots… juste un paquet de chaque. On ne peut pas faire plus pour le moment.
Voix off
Kelly a organisé cette collecte de produits de première nécessité et d’hygiène.
Kelly Vianna, responsable communautaire
C’est pour les familles les plus pauvres, celles qui n’ont pas de revenus, qui ne reçoivent aucune aide du gouvernement. Cette pandémie va provoquer le chaos.
Voix off
Ces provisions permettront à plus de 200 habitants de rester confinés chez eux pendant les prochains jours.
Habitante
Merci beaucoup.
Voix off
Dans ce quartier, il n’y a pas d’eau courante, impossible de se laver les mains plusieurs fois par jour. Iraci, 78 ans, vit seule dans cette petite maison.
Iraci, retraitée
Je n’ai de l’eau que le soir. Je remplis un bidon pour en garder, pour en avoir le matin. On ne peut pas aller vivre ailleurs, donc on va souffrir ici. En plus, j’ai du diabète et de l’hypertension.
Voix off
Malgré les risques, le président Jair Bolsonaro a appelé les Brésiliens à reprendre une vie normale. Par crainte des conséquences économiques, il refuse le confinement. Dans les favelas de Rio, la colère gronde.
Leida, employée d’une épicerie
Son raisonnement, c’est que tous les pauvres doivent aller au front, continuer à travailler, mourir, c’est tout… Ceux qui vont tout y perdre ici, c’est nous, on va perdre nos familles.
Voix off
Face à l’inaction du gouvernement, les trafiquants de drogue, qui contrôlent certains de ces quartiers, ont décidé de faire respecter le confinement. Ils ont fait passer la consigne aux habitants de rester chez eux.
Kelly Vianna, responsable communautaire
Ces jeunes sont nés ici, ils ont toute leur famille, leurs grands-mères qui vivent ici. Ils prennent la souffrance de la population au sérieux, alors ils finissent par prendre le rôle de l’État ici.
Voix off
Avec le risque d’épidémie, c’est désormais celui d’une explosion de violence qui menace Rio.