Biodiversité, la sixième extinction a commencé

Disponible jusqu'au 21/04/2028 - 23:59Disponible jusqu'au 21/04/2028

Que faire face à la disparition dramatique des insectes ?

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Créer un dépliant, sensibiliser aux avantages de l’agroforesterie.

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    Le 9 décembre 2021, dans le cadre de l’émission Objectif Monde, Dominique Laresche interroge ses invités Jorge Laguna-Celis, Marc Hufty et Jean-Louis Étienne à propos de la biodiversité en danger. Que faire face à cette sixième extinction de masse ? Des actions sont-elles encore possibles pour freiner ce bouleversement ?

    Chaîne d'origine
    TV5MONDE
    - Modifié le
    19/05/2022
    Dominique Laresche, présentatrice de l’émission Objectif Monde
    Et je voulais qu’on regarde ce graphique et ces chiffres qui concernent le déclin des insectes. On voit donc les papillons, les abeilles, les libellules, on voit le niveau de disparition des tricoptères, c’est des chiffres qui sont impressionnants, Jorge Laguna-Celis. Et puis, en fait, on voit que surtout ce sont les insectes pollinisateurs qui sont en déclin et alors pourquoi ? Changement climatique, pollution environnementale, et les espèces bien sûr invasives, les envahisseurs comme on les appelle. Et aussi je vois là, c’est l’agriculture intensive et l’utilisation de pesticides. Pour vous, c’est vraiment un enjeu que justement la lutte pour la limitation, en tout cas, de l’utilisation des pesticides et des insecticides ?
    Jorge Laguna-Celis, en charge du réseau Une seule planète (programme ONU environnement)
    Oui, tout à fait, Dominique. En fait, c’est un sujet que nous voyons et que vous avez très bien traité, présenté dans le graphique. Tout d’abord, il faut réfléchir que presque 70 % de tous les produits que l’on consomme dans une vie équilibrée dépend des pollinisateurs. Les abeilles, les pollinisateurs sont plus que des insectes qui apportent de la beauté dans notre jardin. Cette connexion qu’un être humain doit avoir dans ce qu’il y a dans son assiette et comprendre l’impact de ce qu’il y a dans l’assiette, dans l’écosystème en général, c’est un des plus gros enjeux de la consommation et de la production durable. Il faut voir qu’il y a un déséquilibre dans la consommation. Il y a la surconsommation et la sous-consommation. C’est les grands enjeux de la nutrition. Et c’est pour cela qu’il est très complexe de travailler dans les questions de pesticides parce qu’il y a un manque d’un cadre multilatéral universel qui puisse réguler l’utilisation de pesticides. Et nous avons de très bonnes conventions certainement en Suisse, basées à Genève qui gèrent les produits chimiques. Donc on essaie d’avancer sur ça, c’est un des très grands enjeux.
    Dominique Laresche, présentatrice de l’émission Objectif Monde
    Marc Hufty, justement, en septembre en Suisse, il y a eu une votation concernant l’interdiction éventuelle des pesticides dans l’agriculture, elle a été refusée. Comment vous l’expliquez ? Car en Suisse, les oiseaux, les abeilles, les insectes se font aussi de plus en plus rares ?
    Marc Hufty, professeur en étude du développement (IHEID Genève)
    Oui, en effet, comme partout en Europe. Alors principalement deux causes. Si vous voulez la première raison, c’est la difficulté du passage d’une agriculture productiviste à une agriculture qui soit respectueuse de l’environnement. Et même si en Suisse, on a déjà 17 % des surfaces agricoles qui sont en agriculture biologique, beaucoup d’agriculteurs ou de producteurs ne sont pas prêts à faire le pas. Et puis, par ailleurs, une seconde raison, c’est la question de la sécurité alimentaire. La Suisse importe déjà 50 % de sa nourriture et la question se pose de savoir, en cas de crise mondiale, serait-elle capable de nourrir sa population ? Alors les grandes organisations faîtières agricoles, associées aux entreprises agrochimiques ont mené une campagne très intense contre cette initiative et même le gouvernement fédéral n’y était pas favorable, ce qui explique que la population ait voté contre. Trop d’incertitudes, peut-être pas les bonnes informations, moi je pense personnellement que la production alimentaire ne devrait pas se faire au détriment de la nature et qu’on a manqué une occasion, si vous voulez.
    Dominique Laresche, présentatrice de l’émission Objectif Monde
    Jean-Louis Étienne, pourquoi est-ce qu’il est aussi difficile de légiférer sur cette question des pesticides ?
    Jean-Louis Étienne, médecin et explorateur
    Parce qu’il y a des intérêts économiques énormes. C’est des intérêts concomitants.
    Dominique Laresche, présentatrice de l’émission Objectif Monde
    Vous parlez des lobbys…
    Jean-Louis Étienne, médecin et explorateur
    Ah beh oui.
    Dominique Laresche, présentatrice de l’émission Objectif Monde
    de l’agrochimie ?
    Jean-Louis Étienne, médecin et explorateur
    Il y a une chose qui se mettra en place, je pense et qui se met en place petit à petit, c’est l’agroforesterie. L’agroforesterie, c’est un sujet intéressant, vous voyez quand vous voyez ces champs de céréales immenses. On a vu des images du Canada, on a vu des images, ne serait-ce qu’en France quand vous traversez, y a pas un lapin, y pas un insecte, y a pas un oiseau qui se lancer là-dedans, ce sont des déserts industriels, vous voyez. Et donc l’agroforesterie, c’est mettre des rangées d’arbres assez espacés pour que la moissonneuse-batteuse puisse passer. L’arbre, il fixe le sol, il va fixer l’hygrométrie du sol ; le tronc va fixer le carbone, vous savez quand vous achetez une poutre d’arbre au magasin pour aller bricoler, quand vous avez acheté une poutre qui fait dix kilos, vous avez acheté cinq kilos de carbone. Le tronc stocke et puis, tout le feuillage etc. C’est, encore une fois, c’est le gîte et le couvert de la biodiversité. C’est que vous allez faire revenir les insectes qui vont tuer les ravageurs qui attaquent les cultures. Et donc, c’est recréer un écosystème naturel et l’agroforesterie, c’est quelque chose qui est bien. Un arbre, un chêne, qui a quarante ans, transpire, pour faire monter la sève à la période il met les feuilles, 250 litres d’eau par jour, vous m’entendez, donc ça entretient une hygrométrie. Et pour terminer, je vous parlais de ça, je faisais une conférence, il y avait à ma gauche un chef céréalier d’une grande région céréalière. Il me regarde en me disant : « Mais vous vous rendez compte de la surface agraire que vous allez nous prendre ? » Mais je lui dis : « Mais je parle pas pour vous, je vous parle pour votre fils parce qu’on va vers des canicules. Et qu’est-ce que vous allez faire avec ces déserts sous la canicule ? » Mettez vite de l’ombre, et de l’ombre avec de l’hygrométrie. Voilà, c’est une des choses qui peut se développer dans ces grandes zones industrielles qui tuent effectivement parce qu’elles sont… On amène tout, il n’y a plus rien. La terre, elle est morte, on amène tout pour que la plante mange. Donc, recréer des écosystèmes sur des grandes surfaces, c’est possible.
    Dominique Laresche, présentatrice de l’émission Objectif Monde
    Jorge Laguna-Celis, vous travaillez bien sûr sur ces questions…
    Jorge Laguna-Celis, en charge du réseau Une seule planète (programme ONU environnement)
    Oui.
    Dominique Laresche, présentatrice de l’émission Objectif Monde
    de pesticides. Comment convertir le monde agricole et puis surtout, c’est peut-être pas que le monde agricole qu’il faut convertir, c’est peut-être surtout l’agrochimie.
    Jorge Laguna-Celis, en charge du réseau Une seule planète (programme ONU environnement)
    Oui.
    Dominique Laresche, présentatrice de l’émission Objectif Monde
    Et pour le coup, c’est des enjeux entre États, parce qu’on sait qu’aujourd’hui ce sont des superpuissances ces entreprises de l’agrochimie. On pense notamment à Syngenta qui a été racheté par le numéro un chinois, très proche du pouvoir chinois.
    Jorge Laguna-Celis, en charge du réseau Une seule planète (programme ONU environnement)
    Donc là, je crois qu’il y a un premier élément qu’il faut comprendre et c’est quelque chose qui est essentiel. C’est, il faut passer d’une vision de juste l’agriculture au système agroalimentaire. Il faut comprendre le système. Il faut avoir une vision du système. Lorsqu’on a une vision de système, on commence à voir que ce système, il est composé de parties. Alors, il est très intéressant le cas que vous avez présenté. Les solutions sont parfois vraiment à portée de mains et parfois les consommateurs n’ont pas cette information et même s’ils ont cette information, ils veulent faire des bons choix, il en résulte un surcoût. Le cas du café, par exemple, il est très intéressant. Un consommateur n’a pas l’information d’un café qui est poussé avec des méthodes agricoles responsables, à l’ombre, avec des forêts, avec des arbres qui préservent la biodiversité ou avec des méthodes intensives. Je crois qu’il faut avancer sur ça. Pour ce qui est pour les grands groupes alimentaires, il y a un grand intérêt à agir mais il faut créer une transparence totale : parfois, nous voyons que les engagements qui sont pris sont plus de l’écoresponsabilité, et ce que nous, nous prônons, c’est la transparence.