Sylvie Patry, commissaire de l'exposition Un des grands combats de Berthe Morisot, c’est véritablement de s’imposer comme une artiste professionnelle. C’est son combat, c’est le combat des femmes au 19e siècle. Et elle sera toujours fidèle à cette voie de l’indépendance, en marge des circuits officiels. Comme les autres impressionnistes – on est vraiment au cœur du combat impressionniste à ce moment-là –, elle affirme l’importance du sujet, de ce qu’on appelle la peinture de la vie moderne, c’est-à-dire peindre le monde tel qu’il est plutôt que des sujets historiques ou des sujets mythologiques. Une deuxième caractéristique, c’est que, en tant que femme, elle a un accès limité à la sphère publique. Et donc, du coup, elle va beaucoup peindre son environnement domestique, son environnement privé et elle va contribuer, par ses tableaux, à créer ce sentiment, cette peinture de l’intimité qui est aussi une des manifestations de la modernité. Ce qui caractérise Berthe Morisot, c’est véritablement son goût de l’audace, l’exploration du non-fini, cette touche très rapide, très vive, très nerveuse, cette volonté de fixer quelque chose de ce qui passe, comme elle disait, de capturer l’instant et presque de capturer la vie en quelque sorte.