Voix off
En plein centre de Cotonou, un mur de 940 mètres de long, entièrement peint à la bombe. Voici la plus grande fresque d’Afrique et la troisième plus longue du monde. C’est le pari fou d’un collectif de graffeurs béninois qui se sont mis en tête de raconter l’histoire de leur pays en peinture. Ici par exemple, c’est l’emblématique roi Béhanzin qui se révèle sous les bombes.
Premier intervenant
C’est le trône renversé que j’ai encastré dans l’image puisque ça fait partie aussi de l’Histoire.
Voix off
Le dernier roi du Dahomey indépendant s’est battu contre l’envahisseur français avant d’être déchu de son trône à la fin du dix-neuvième siècle. Ces histoires de monarque, de tradition et de culture font partie d’un patrimoine que ces artistes veulent préserver.
Laurenson Djihouessi, graffeur, membre fondateur de l’association Assart
Il y a beaucoup de ces histoires-là qui ne sont pas trop racontées, ou comme on dit, c’est pas en écrit, c’est pas tracé, ça laisse pas de trace. À travers le graffiti, nous, nous posons nos empreintes.
Voix off
Poser une empreinte, imprimer une marque, avant que cette mémoire ne disparaisse. Et impossible de retracer l’histoire du Bénin sans évoquer les Amazones, ces guerrières d’élite du dix-huitième et du dix-neuvième siècle. Avec leur force et leur courage, dit-on, elles surpassaient les hommes.
Laurenson Djihouessi, graffeur, membre fondateur de l’association Assart
Elles représentent pour nous aujourd’hui des modèles, aussi bien pour garçons comme femmes. C’est notre identité, c’est notre valeur, c’est notre héritage, c’est des sources sur lesquelles nous, nos enfants et dignes fils et filles du pays on doit pouvoir s’inspirer et puiser.
Voix off
Une culture qui serait trop souvent oubliée, selon l’artiste. Laurenson a le sentiment que la jeune génération a souvent le regard tourné vers l’étranger.
Laurenson Djihouessi, graffeur, membre fondateur de l’association Assart
On est calqués sur le modèle extérieur oubliant que chez nous, nous avons des richesses, nous avons des richesses denses. Il faut qu’on puisse se poser, revenir sur soi, revenir à soi.
Voix off
Le collectif de graffeurs a donc un message clair : il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va.