Autoreflet Grand Corps Malade

Disponible jusqu'au 10/09/2034 - 23:59Disponible jusqu'au 10/09/2034

Ouvrez bien les yeux et plongez dans le regard bleu de Grand Corps Malade !

Grand Corps Malade - Autoreflet

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Contenus complementaires
    Production
    Anouche Records
    Album
    Reflets
    Composition
    Grand Corps Malade
    - Modifié le
    10/09/2024

    Je vois un père de famille, je vois un homme amoureux
    Je commence par l'essentiel, en auteur rigoureux
    J'ai grandi en banlieue, je l'ai chanté a cappella
    Et cet autoreflet pourrait même s'arrêter là
    Je suis devenu un peu poète, pas vraiment écrivain
    J'ai laissé quelques textes utiles et beaucoup d'écrits vains
    J'ai les rimes à l'air libre, la silhouette un peu bancale
    Pour garder l'équilibre, je m'accroche aux cordes vocales
    Discipline inclassable, alors disons parolier
    Une carrière improbable, quelquefois parodiée
    Inspiration inflammable, optimisme affamé
    Des histoires honorables de quartiers mal famés
    De la fibre artistique, j'avais pas vu les signaux
    C'est plus tard, prolifique, que j'ai pris les stylos
    J'ai tutoyé l'idée que mes poèmes se baladent
    J'écris donc je suis, et je suis Grand Corps Malade
    Je suis un peu poète, mais je connais peu mes classiques
    J'ai trouvé mes modèles dans l'industrie discographique
    J'n'ai pas ouvert beaucoup de recueils de poèmes
    Mais j'ai ouvert mes oreilles dans des ambiances de bohème
    J'ai contribué sans l'prévoir à populariser le slam
    Cet art oratoire dans les bars qui caresse l'âme
    J'ai écrit comme une urgence des centaines de quatrains
    J'ai écrit sur mes souffrances pour faire taire le chagrin
    Les victoires en tournois, oubliant les sournois
    C'est pour moi, c'est pourquoi j'ai su miser sur moi
    J'ai posé mes textes partout, j'ai eu la voix tenace
    Dans des bars de bobos, dans des squats dégueulasses
    J'ai rencontré des musiciens qui ont mis sans façon
    Des notes sur mes paroles, on a fait des chansons
    De la recherche du trac, je suis devenu esclave
    Et j'ai envie d'la scène comme t'as envie d'bédav'1
    J'aime le stress de mes concerts, pas le strass de mes confrères
    Ce que le succès confère, souvent, je préfère le contraire
    Du showbiz naissent des pratiques qui n'seront pas mon choix
    Je n'cracherai pas dans la soupe, mais j'en prendrai pas deux fois
    J'écris quand j'me sens bien, j'écris quand j'me sens mal
    Quand la vie m'déçoit un peu et quand tout est normal
    J'n'écris que pour les autres, je veux être entendu
    J'écris pour comprendre le monde surtout quand il est tendu
    La musique est un art collectif très individuel
    J'écris sur mon reflet comme un duo et un duel
    Mes écrits sont optimistes, je n'ai pas à m'forcer
    Mais mon côté clair et mon côté sombre n'ont pas divorcé
    J'ai souvent l'oeil enjoué, j'ai parfois l'regard triste
    Dans la norme ou hors-piste, est-ce le sort de l'artiste
    Artiste, j'sais toujours pas vraiment si j'connais c'terme
    Je me sens comme un cowboy encore surpris par son western
    J'écris sur le présent, très peu souvent sur l'avenir
    Mais sans être oppressant, parfois le passé m'inspire
    J'le remercie à la césure, avec ses airs de magie
    Je fais rimer mon présent avec ma nostalgie
    J'écris des vers joyeux et des rimes déprimantes
    J'ai vidé tant de stylos et de cartouches d'imprimantes
    J'ai quelques cheveux couleur cendre, mais l'inspi'2 incandescente
    Malgré les rides sur mon front, j'ai la plume adolescente
    J'écris dans mon téléphone, des poèmes en chorale
    Dans des cahiers, des carnets et puis j'écris à l'oral
    J'ai écrit moins qu'certains mais bien plus que la moyenne
    Et j'espère garder c'rythme quand ma plume sera la doyenne
    J'écris sur des sentiments et des pensées intimes
    J'écris sur la société quand ça me semble légitime
    Sur notre France parfois fatiguée et cernée
    Quand le pouvoir se fout des gens, mon encre est concernée
    J'écris aussi sur l'enthousiasme et les beaux potentiels
    Sur les lumières du ciel, les valeurs essentielles
    J'suis curieux, j'aime les gens, je vois l'verre à moitié plein
    Ce n'est pas une légende, je vois le rêve à portée d'main
    De ma vie en banlieue, j'ai gardé une sorte d'éthique
    De ma vie d'sportif, j'ai gardé l'esprit d'équipe
    J'ai quelques existences dont chaque jour, j'me rappelle
    De ma vie d'imprudence, j'ai gardé des séquelles
    À l'époque, par pudeur ou pour pas croire au désespoir
    J'ai géré ma tristesse et pleuré loin des regards
    Je crois qu'je n'voulais pas ajouter du drame au drame
    Là j'suis pas insensible, mais j'ai épuisé mon quota d'larmes
    Dans cette vie, je suis venu, j'ai perdu, j'ai vaincu
    Et je suis c'que j'suis grâce à c'que j'ai vécu
    Je compense mentalement les absences musculaires
    J'remercie totalement les quartiers populaires
    J'ai côtoyé les pauvres, les bobos3, les blindés
    Les sourires déglingués, les saluts distingués
    Je préfère les écorchés, les rebelles, les bizarres
    J'peux vivre sans ma banlieue, mais pas sans mes banlieusards
    C'est avec eux qu'j'ai gol-ri4, réfléchi et grandi
    J'me sens plus assagi, j'suis pas non plus Gandhi
    Mais j'observe autour souvent, le silence comme armure
    Et j'prends tellement d'recul que j'ai souvent l'dos contre le mur
    De ma jeunesse mouvementée, j'ai gardé l'art de la vanne5
    J'essaie souvent d'me retenir, car tout l'monde n'est pas fan
    J'ai sûrement un peu mûri, mais pour dire la vérité
    J'ai toujours un petit problème avec trop d'autorité
    J'ai tellement d'projets qu'j'aurai pas assez d'une vie
    Faudrait m'réincarner pour combler toutes mes envies
    J'veux aller visiter l'autre côté d'l'arc-en-ciel
    Mais en même temps j'veux m'faire chier, car l'ennui porte conseil
    J'ai 20 ans dans ma tête, 120 ans dans mon corps
    Mais les deux heureusement se mettent souvent d'accord
    Pour ouvrir les yeux, les oreilles et les mains
    Trouver un rythme commun et tracer mon chemin
    Je garde mes yeux d'enfant face à tout c'qu'il m'arrive
    Et pour garder cette chance j'm'applique et m'active
    Un privilège énorme, sans qu'la lumière déforme
    J'le sens dans chaque hormone, j'ai un métier hors norme
    Mais même au Zénith6, je ferai pas l'fanfaron
    Tu l'as compris, mon vrai premier métier c'est daron7
    Mes deux fils et ma femme, c'est ma première passion
    Les voir rire à mes vannes, c'est la plus belle ovation
    Je vois un père de famille, je vois un homme amoureux
    Je finis par l'essentiel, en auteur rigoureux
    J'ai grandi en banlieue, j'l'ai chanté a cappella
    Et cet autoreflet va vraiment s'arrêter là


    Notes :
    1 : (familier) Bédaver signifie fumer du haschisch ou de la marijuana.
    2 : L’inspiration
    3 : Abréviation de « bourgeois-bohèmes », personnes plutôt jeunes, aisées et cultivées, affichant leur anticonformisme (source Larousse)
    4 : verlan de rigoler
    5 : plaisanterie, critique méchante
    6 : nom de plusieurs salles de spectacles en France
    7 : (argot) Père