Générique
Il sera question d’histoire. Françaises, Français… I have a dream. Je suis contre la peine de mort.
Voix off
À l’été 1935, en vacances sur la côte dalmate, en Croatie, le jeune Aimé Césaire contemple une île nommée Martinska qui se détache au loin. Elle lui évoque aussitôt la Martinique qui l’a vu naître et lui inspire les premiers vers de son « Cahier d'un retour au pays natal ». Aimé Césaire ne le sait pas encore, mais il est en train d’écrire un chef-d'œuvre de la littérature. Né en 1913, à Basse-Pointe en Martinique, Aimé Césaire est un élève brillant. À 18 ans, il obtient une bourse et part poursuivre ses études à Paris. Il y intègre une classe d'hypokhâgne au prestigieux lycée Louis-le-Grand avant d’être reçu à l’École Normale Supérieure. Il se lie alors d’amitié avec le futur écrivain guyanais, Léon Gontran Damas et le futur poète et président sénégalais Léopold Sédar Senghor.
Aimé Césaire
Senghor m’a appris une chose, il m’a appris l’Afrique. La grandeur de l’Afrique.
Voix off
Ensemble, ils fondent une revue, l'Étudiant noir, pour dénoncer l’idéologie colonialiste et promouvoir l’Afrique et sa culture. C’est dans ces pages, qu'apparaît pour la première fois, le terme de « négritude ». Revenu à Fort-de-France pour y enseigner la littérature, il croise l’écrivain surréaliste André Breton et lui fait lire son « Cahier d’un retour au pays natal ». Breton est subjugué. Césaire est lancé. Dès lors, il écrit sans relâche. Dans ses poèmes, révoltés, comme « Soleil cou coupé », il exalte l’homme noir. En 1950, il publie son « Discours sur le colonialisme » dans lequel il fait le procès d’une Europe indéfendable. Ses pièces de théâtre sont autant de pamphlets contre l’esclavage et la colonisation.
Interprétation de « La Tempête » d’Aimé Césaire
Mais tu m’as tellement menti. Menti sur le monde, menti sur moi-même ! Que tu as fini par m’imposer une image de moi-même. Un sous-développé, un sous-capable, voilà comment tu m’as obligé à me voir.
Voix off
Dans « La Tragédie du roi Christophe » qui relate l’épopée d’Haïti, première communauté noire d’Amérique à avoir conquis son indépendance, il s’interroge sur la nature du pouvoir. Avec en toile de fond, l’idée phare de toute son œuvre : la « négritude ». Dans les années 30, le terme « nègre » désigne une personne de couleur, descendant d’un esclave noir : un indigène des contrées coloniales. Aimé Césaire invente le mot « négritude » pour en faire l’apologie : revendiquer la culture noire débarrassée des clichés racistes et des valeurs de l’Occident.
Aimé Césaire
La négritude c’était pour nous avant tout remonter aux sources, comprendre, nous comprendre nous-mêmes.
Voix off
Césaire veut restituer la mémoire de son peuple, lui rendre sa dignité. Sa vision est celle d'un humaniste qui défend tous les damnés de la Terre : « Je suis, dit-il, de la race de ceux qu'on opprime. » Mais le poète est aussi un homme d’action, aux visées bien concrètes. De son credo artistique, il va tirer un engagement politique. Devenu communiste, Aimé Césaire est élu député de Martinique. Il fait entendre la voix des petits territoires coloniaux qu’on appelle alors « les confettis de l’empire ».
Aimé Césaire
Nous sommes à un tournant et il faut savoir prendre ce tournant.
Voix off
Aimé Césaire réclame l’égalité sociale pour ces citoyens « à part » qu’il voudrait voir devenir « des citoyens à part entière ». Le 19 mars 1946, il obtient par un vote à l’unanimité que la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion deviennent des départements d'outre-mer. Mais la départementalisation tant attendue génère rapidement des désillusions et les inégalités demeurent. Alors, Aimé Césaire continuera inlassablement son combat en faveur des Antilles françaises en portant haut et fort sa voix politique et poétique. Réélu député de Martinique pendant près d’un demi-siècle et maire de Fort-de-France durant cinquante-six ans, il condamnera sans relâche le colonialisme et le racisme et défendra jusqu’à sa mort la langue française, la poésie et la négritude.
Aimé Césaire
Il y a une chose qui demeure et contre lequel le combat ne doit jamais cesser, je veux parler du racisme qui est bien, vraiment, la matrice même du colonialisme.