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- 70 ans de l'ONU : quel bilan pour l'UNICEF ?
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LE CONTEXTE
Bienvenue sur Geopolitis.
Les Nations unies ont 70 ans en cette année 2015 ! C'est en effet le 26 juin 1945 qu'à San Francisco, on signait l'acte fondateur de l'ONU. Avec un message, un espoir : ne plus jamais connaître les horreurs d'une guerre mondiale, en somme, instaurer une paix durable sur la planète. Vœu pieux, on le voit bien, avec des Nations unies qui, dans bien des conflits actuels, n'offrent que le visage de leur « désunion ». Et pourtant, les Nations Unies, ça fonctionne, en tout cas sur le terrain, si l'on en juge par le travail effectué par l'ensemble des grandes agences de L'ONU.
Et s'il est une agence de l'ONU dont le nom est bien connu dans le monde entier, c'est l'UNICEF, un acronyme un peu curieux qui, en anglais, au départ, c'était en 1946, voulait dire : le fonds d'urgence international des Nations unies pour l'enfance. Comme l'urgence dure depuis ce temps-là, on dit tout simplement le fonds des Nations unies pour l'enfance. Deux statistiques pour donner une idée de l'ampleur de ce fonds qui a du reste reçu le prix Nobel de la Paix en 1965 : pour l'année 2015, l'UNICEF a lancé un appel de fonds de 3, 1 milliard de dollars pour venir en aide à 62 millions d'enfants en danger. Geopolitis décrypte l'action, et l'ambition, de cette agence onusienne dont la mission, on peut le craindre, ne s'arrêtera pas de sitôt.
Mais revenons un instant sur les 70 ans de l'ONU. La création des Nations Unies, il faut le souligner, ce n'était ni à Genève, ni à New York, elle avait pour cadre San Francisco.
Extrait vidéo
À l'époque, on n'était pas encore complètement sorti de la 2e guerre mondiale. On ne comptait que 51 membres, les fondateurs de ce nouveau système mondial qui se voulait basé sur la confiance et le respect des peuples. Aujourd'hui, il y a 193 membres à l'ONU. Et même si, 70 ans plus tard, les critiques se font nombreuses à l'égard du « machin » comme le qualifiait le Général de Gaulle, notamment sur le fonctionnement du conseil de sécurité, avec ses 5 membres permanents, ou encore sur ce fameux droit de veto accordé perpétuellement aux 5 grands, bref, si l'ONU peut être accusée d'impuissance ou de négligence, il n'en reste pas moins que ses diverses agences continuent, jour après jour, à travailler efficacement. Organisation mondiale de la Santé, Haut Commissariat pour les réfugiés, Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, Haut Commissariat pour les droits de l'homme, ou encore, nous y voilà, UNICEF, telles se nomment certaines des agences onusiennes. Prenons un exemple de mission remplie, discrètement, loin des grandes médiatisations, le fait que l'UNICEF, au Soudan, vient en aide à des milliers d'enfants soldats : des enfants qui, pour certains, n'ont jamais été scolarisés et qui doivent être réadaptés à une vie normale. Il faut savoir, et c'est l'UNICEF qui le précise, qu'en cette année 2015, 230 millions d'enfants vivent dans des pays ou des zones directement touchés par des conflits armés.
LE REPORTAGE
Les enfants et la guerre
Il convient de revenir en détail sur ce constat édifiant : 230 millions d'enfants vivent dans des zones de conflit, c'est-à-dire 1 enfant sur 10, dans le monde. Par exemple, en Syrie et en Irak, depuis 4 ans, un total de 14 millions d'enfants subissent directement les conséquences du conflit, dont, près de 6 millions rien qu'à l'intérieur du pays. En Irak, faut-il rappeler que 2 millions 800 000 enfants ont dû quitter leur foyer. C'est pour eux tous que l'UNICEF demande actuellement près d'un milliard de dollars pour des programmes d'aide. En Afrique, également, l'UNICEF doit répondre aux demandes pressantes : par exemple, au Nigéria, à cause des terroristes de Boko Haram, plus d' 1 million de citoyens ont fui, dont une grande proportion d'enfants. Plus proche de nous, en Ukraine, on considère que 5 millions 200 000 personnes vivent dans des zones de conflits, dont 1 million 700 000 enfants.
Les enfants et la santé
Il aura été beaucoup question d'Ebola ces derniers temps : l'UNICEF demande actuellement 500 millions de dollars pour accélérer son travail au sein des diverses communautés frappées par le virus. Car sur place le travail doit continuer : il faut isoler et traiter les cas, prévenir de nouvelles flambées et promouvoir des comportements dits « sains » pour éviter toute nouvelle propagation de la maladie, notamment chez les enfants. La santé, pour les enfants, c'est évidemment la vaccination : au Soudan, il convient de vacciner 8 millions d'enfants contre la rougeole. En 2014, l'UNICEF aura fait vacciner pas moins de 16 millions d'enfants contre cette maladie. La santé, c'est aussi l'intégrité physique et notamment sexuelle: on doit rappeler que, dans le monde, 120 millions de filles, soit 1 fille sur 10, ont subi des viols ou des agressions de type sexuel, entraînant toutes sortes de troubles psychosomatiques.
Les enfants et l’éducation
Il y aurait actuellement 12 millions d'enfants non scolarisés dans la région du Proche-Orient. Plus précisément, 5 millions ne peuvent pas aller dans les maternelles, un peu plus de 4 millions ne rejoignent pas leurs classes dans le primaire, et près de 3 millions sont privés d'éducation dans le secondaire. Dans bien des cas, ce sont les jeunes filles qui sont les premières à être privées d'éducation. Pour reprendre le cas de la Syrie, on compte, sur place, 5 millions de jeunes Syriens et Syriennes entre 12 et 18 ans, enfants auxquels, dans des circonstances plus que difficiles, il convient de donner des cours de rattrapage scolaires, de la formation professionnelle et aussi, cela rentre dans le domaine de l'éducation, des activités de loisir. Afin d'assurer convenablement toutes ces activités scolaires, on doit aussi habiller correctement tous ces enfants. Au Liban, dans les camps de réfugiés, l'UNICEF vient en aide à 478 888 enfants. 160 000 d'entre eux ont reçu un kit complet de vêtements d'hiver: pull, pantalons, gants, bonnets, écharpes et bottes. Et depuis le terrible séisme au Népal, l'UNICEF comptabilise au moins 2,8 millions d'enfants qui doivent être secourus.
L’ÉDITORIAL
On pourrait formuler un vœu : que des agences onusiennes comme l'UNICEF disparaissent, complètement... cela voudrait dire que tout va pour le mieux, qu'en l'espèce, il n'y aurait plus d'enfants dans le monde en souffrance ou en état de manque, bref, qu'il n'y aurait plus de violence, plus de maladies dans un monde ou tous ces jeunes auraient le droit à l'éducation. On peut rêver ! Un tel monde n'est pas pour demain. Si encore il était pour après-demain, on serait heureux de devoir patienter ! Mais il n'a pas que l'UNICEF. Parlons par exemple du Haut Commissariat aux Réfugiés, le HCR, créé au lendemain de la guerre pour gérer l'effroyable flot de réfugiés ayant souffert de la 2e Guerre mondiale. Un besoin, une nécessité qui, croyait-on, iraient décroissant, avec une situation qui allait forcément se normaliser. C'est très exactement l'inverse qui s'est produit : aujourd'hui il n'y a jamais eu autant de réfugiés ou déplacés dans le monde, aux alentours de 50 millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Le HCR, comme l'UNICEF, doivent se rendre à l'évidence : le contrat qu'on leur a confié est un contrat de longue durée.