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Saviez-vous que « Québec » veut dire « là où le fleuve se rétrécit » en langue algonquine ? Du drapeau fleurdelisé au harfang des neiges, découvrez les symboles et emblèmes du peuple québécois.
Située au Canada, l’État du Québec se trouve entre l'Ontario à l'ouest, Terre-Neuve-et-Labrador au nord-est et le Nouveau-Brunswick au sud-est. D'une superficie de 1 542 056 km2, c'est le deuxième État le plus peuplé du Canada. Composée d'une grande majorité de francophones, il s'agit du seul État à avoir adopté le français comme seule langue officielle.
Le mot « Québec » vient de la langue des Algonquins (peuple d'indiens autochtones) et signifie « là où le fleuve [le Saint-Laurent] se rétrécit ».
Drapeau québécois, dit « fleurdelisé »
Toute une symbolique
Un fond bleu azur, une croix blanche en plein centre et quatre fleurs de lys. Voici en trois mots la description du drapeau du Québec. On dit de lui qu’il est « fleurdelisé ».
Adoptée officiellement en 1948 par le gouvernement du Québec, la croix blanche fait à l’origine référence au christianisme (croix de saint Michel) et au royaume de France. En effet, en 1534, l’explorateur français Jacques Cartier (1491-1557) arrive dans le territoire de Gaspé et plante une croix surmontée d'un blason aux armoiries de France, avec la fameuse fleur de lys. C’est dit : ces terres - désormais nommées « Nouvelle-France* » - appartiennent… au roi de France !
Le bleu, lui, est à l’origine un hommage à la Vierge Marie. Mais cette couleur devient progressivement celle de la royauté.
Les lys, quant à eux, sont un autre symbole de la monarchie française. Avec le temps, ils sont devenus le symbole des Français d'Amérique, puis de la francophonie nord-américaine, en réponse à un autre symbole : la feuille d'érable, qui se répand dans le Canada anglais vers 1840.
Un drapeau qui en voit de toutes les couleurs…
Mais ce drapeau n’a pas toujours été le drapeau officiel du Québec. Remontons quelques siècles auparavant…
1534 : Jacques Cartier proclame toute une partie du territoire québécois comme étant la propriété du roi de France. Les armoiries de France sont alors visibles sur la future ville de Gaspé.
1663 : Louis XIV déclare que la colonie est une « province royale ». Le pavillon blanc du Royaume de France remplace peu à peu les armoiries. Sur toute la colonie de l’Amérique du Nord, le pavillon côtoie les étendards des différents gouverneurs et les blasons des compagnies chargées du commerce.
1759 : les britanniques partent à la reconquête du territoire. Le Royaume de France perd et se rend. Le drapeau britannique devient alors le drapeau officiel, de 1763 à 1868. Mais les Canadiens français tiennent à avoir leur propre drapeau…
1832 : le drapeau des Patriotes, composé de trois bandes horizontales verte, blanche et rouge, fait son apparition. Il n’est pas reconnu officiellement, sauf pendant les insurrections de 1837-1838 et la très éphémère République du Bas-Canada : le drapeau des Patriotes devient alors drapeau national. De nos jours, ce drapeau est utilisé lors de la Journée nationale des Patriotes, célébrée le lundi qui précède le 25 mai de chaque année.
1842 : après la défaite des Patriotes, la Société Saint-Jean-Baptiste décide d'adopter un drapeau bicolore, blanc et vert, à bandes verticales.
1854 : La France et le Royaume-Uni s'allient contre la Russie. Montréal et Québec pavoisent alors aux couleurs françaises et britanniques. Cette alliance rend populaire, pendant environ 50 ans, l’usage du Tricolore français au Bas-Canada, qui deviendra le Québec en 1867.
1868 : la reine Victoria propose le Blue Ensign, avec l'Union Jack dans le coin supérieur gauche et les armoiries du Québec à la droite. Toutefois, ce drapeau fut peu utilisé. En témoignait d’ailleurs le flottement de l’Union Jack britannique sur le Parlement du Québec jusqu’en 1948.
1884 : on adopte l’idée d’un drapeau tricolore, orné d’une étoile (figure de Marie), symbole d’une union francophone d'Amérique du Nord. Jusqu'en 1891, le Tricolore devient le drapeau national (et est encore de nos jours le drapeau national de l'Acadie). Mais l'utilisation du bleu-blanc-rouge suscite des oppositions…
1902 : l'ancêtre du drapeau fleurdelisé fait son apparition. L'abbé Elphège Filiatrault crée le drapeau de Carillon, qui ressemble au drapeau québécois actuel.
1948 : durant la première moitié du XXe siècle, les idées fusent. Un seul objectif : créer un nouveau drapeau québécois. Castor, feuille d'érable, fleur de lys, bannière de Carillon, croix blanche, larmes de la province… de nombreux symboles sont évoqués. Ce sont finalement les lys qui gagnent ! Le fleurdelisé est adopté le 21 janvier 1948 par le gouvernement, qui le fait flotter sur la tour centrale de l’Hôtel du Parlement. Sa forme définitive sera adoptée en 1950 par Maurice Duplessis (1890-1959).
Lors de la levée, le drapeau doit être hissé en un mouvement « ferme et vif ». En revanche il doit être ramené « lentement et soigneusement ».
* La Nouvelle-France est un ensemble de territoires coloniaux français d'Amérique septentrionale ayant existé de 1534 à 1763, avec le statut de Vice-Royauté de France. Sa capitale était Québec. Son territoire était constitué des colonies d'Acadie, du Canada et de la Louisiane.
Le Québec
« Je me souviens », telle est la devise du Québec. Trois petits mots qui soulèvent bien des débats…
Origine
À l’arrivée au pouvoir du Parti québécois, favorable à la souveraineté du Québec, « Je me souviens » remplace en 1978 le slogan « La belle province », visible depuis 1963 sur les plaques d’immatriculation des Québécois. Mais de quand date cette petite phrase et quelle est son origine ?
La devise daterait de la fin du XIXe siècle lorsque Eugène-Étienne Taché (1836-1912), architecte responsable de la construction du Palais du Parlement, décide de graver cette phrase sur la façade, sous les armoiries du Québec, au-dessus de la porte principale. Autour du bâtiment, il prévoit de faire apparaître 24 statues de personnages historiques dont Jacques Cartier et Samuel de Champlain (fondateur de la ville de Québec), des autochtones, des gouverneurs français, des ecclésiastiques et des militaires. Taché laisse intentionnellement des espaces vides afin de permettre aux générations futures d'ajouter leurs propres statues. C’est donc de tout cela dont le peuple québécois doit se souvenir : de l’histoire du pays, de leurs origines.
Controverses
Certains ont pensé que ces trois mots étaient inspirés de la chanson Un Canadien errant d'Antoine Gérin-Lajoie, d’autres des derniers vers du poème Lueur au couchant de Victor Hugo.
Une autre théorie apparaît en 1978. Elle est émise par la petite-fille de Taché même, Hélène Pâquet. Celle-ci affirme que la forme complète de la devise est « Je me souviens / Que né sous le lys / Je croîs sous la rose ». À noter que le lys fait référence au royaume de France et la rose à l'Angleterre. Pourtant, lorsqu'elle est contactée en 1992, Hélène Pâquet n'est pas en mesure de préciser l'origine des deux phrases. Ses affirmations contredisent d’ailleurs celles de son propre père, le lieutenant-colonel Étienne-Théodore Pâquet. On sait depuis que cette deuxième partie est en réalité une autre devise, créée par le même Eugène-Étienne Taché (son grand-père), plusieurs années après la première. Ces mots devaient apparaître sur un monument symbolisant la « nation canadienne » : une statue représentant une jeune et gracieuse adolescente, figure allégorique de la nation canadienne, portant la devise : « Née dans les lis, je grandis dans les roses ». Cette statue ne verra jamais le jour. La devise est en revanche utilisée sur la médaille du tricentenaire de Québec, créée en 1908.
Les armoiries du Québec, octroyées par la reine Victoria en 1868 et modifiées par le gouvernement du Québec en 1939, sont décrites ainsi : « Tiercé en fasce; d'azur, à trois fleurs-de-lis d'or; de gueules, à un léopard d'or, armé et lampassé d'azur; d'or, à une branche d'érable à sucre à triple feuille de sinople, aux nervures du champ.». En d'autres termes, il y a trois bandes : la première est bleue et ornée de trois lys, fleur rappelant le Royaume de France, la deuxième est rouge avec, en souvenir des Britanniques, un lion jaune, griffu et tirant une langue bleue (en héraldique, le lion et le léopard désignent le même animal ; et oui, les zoologues n’étaient pas encore au point à l’époque...), la troisième est jaune, avec trois feuilles d'érable vertes, symbole commun au Haut et au Bas-Canada. Le tout est ornée d'une couronne, celle de la famille britannique des Tudor. Et tout en bas, apparaît la devise du Québec « Je me souviens ».
Si la devise de l’État du Québec est « Je me souviens », ne confondons pas avec celle de la ville, qui porte le même nom. Car la devise de la ville de Québec est bien : « Don de Dieu feray valoir ». Serait-ce un choix de l'Église ? Pas du tout…
Nous sommes en 1608, l’explorateur Samuel de Champlain (1574-1635) navigue depuis des mois sur son navire, nommé « Don de Dieu ». Son but : venir ouvrir un comptoir commercial dans l’actuelle ville de Québec.
Plus de trois siècles plus tard, en 1949, c’est donc en hommage à Champlain, fondateur de la ville de Québec, qu’on décide d’inscrire comme devise à la ville : « Don de Dieu feray valoir » ( « je ferai valoir le nom de dieu »). C’est bien cette devise que l’on retrouve sur les armoiries de la ville de Québec, adoptées officiellement par le Conseil municipal en 1949 et par l'Autorité héraldique du Canada en 1988.
On représente toujours Champlain arrivant dans la ville de Québec sur un gros navire. Pourtant, le navigateur s'est arrêté à Tadoussac et a poursuivi sa route vers Québec… en barque !
Mais tout comme le drapeau, les armoiries de la ville de Québec ont évolué avec le temps. À l’origine, elles étaient « De gueules au léopard couronné et tenant dans sa dextre une clef d'or à la bordure rivetée d'or ». Ou, dit plus simplement, on y voyait un lion (et oui, toujours cette confusion entre le lion et le léopard !) tenant une clef sur un fond rouge, le tout entouré d’une bordure avec des rivets en or.
En 1949, Lucien Borne, alors maire de Québec, demande à Maurice Brodeur de concevoir de nouvelles armoiries. Notre lion/léopard disparaît, mais il est remplacé par le fameux navire de Champlain. Ces voiles gonflées symbolisent la fermeté et la vaillance de la population. Un autre symbole fait son apparition : la feuille d'érable, qui évoque la personnalité canadienne de la ville et sa diversité culturelle. La couronne, quant à elle, rappelle que Québec est une ville fortifiée. Enfin, les deux clefs symbolisent l'histoire politique et municipale de la ville de Québec.
Les premières armoiries de la ville comportent l'ancienne devise : « Natura Fortis Industria Crescit » ( « fortifiée par la nature, elle croît par le travail »). C’est la devise que l’on retrouve sur l’actuel sceau de la ville de Québec. Créé en 1833, on peut y voir une déesse de l'abondance tenant les armoiries de la ville, devant la colline de Québec. Celui-ci ressemble en de nombreux points à la médaille Kebeca Liberata (médaille commémorant la résistance de Québec pendant le siège de 1690 par les Britanniques).
Feux d’artifices lors de la fête nationale du Québec - iStock
La fête nationale du Québec a lieu le 24 juin. C’est un jour férié au Québec.
Si de nos jours, on célèbre cette date par des défilés, des feux d’artifices, des concerts et d’autres festivités, il faut rappeler qu’historiquement, c’est une fête religieuse qui commémore la naissance de Jean le Baptiste, personnage majeur du christianisme, considéré comme étant le prophète annonçant la venue de Jésus de Nazareth.
Pourtant, cette fête date de bien avant le catholicisme… En effet, chez les païens (personnes croyants en plusieurs dieux), le 24 juin était avant tout le jour du solstice d'été, c’est à dire le début de la période estivale, annonciatrice des récoltes agricoles. De grands feux de nuit étaient alors allumés, pour symboliser la puissance fertilisante du Soleil et bénir les moissons.
Mais les évêques ne l’entendent pas de cette oreille. Pour mettre fin au polythéisme et au paganisme, ils construisent des sanctuaires de Saint-Jean-Baptiste un peu partout et imposent son culte, en remplacement de celui des « divinités barbares » païennes telles que Kupalo chez les Slaves.
Dans le folklore slave, le 24 juin est dédiée au dieu du solstice Kupalo (ou Koupalo). La croyance dit que cette nuit-là, le soleil « bondit et danse ». Selon la tradition, les villageois vont sur la berge d'une rivière pour se baigner, s’unir et allumer de grands feux. Les jeunes gens portent des couronnes et des ceintures de fleurs, dansent, chantent et sautent par-dessus les feux. Certains attendent le lever du soleil en espérant « le voir danser »…
La fête de la Saint-Jean-Baptiste devient officielle en France sous l'Ancien Régime, puis fait son apparition en Amérique à l’arrivée des premiers colons français. En Nouvelle-France*, les premières célébrations de cette fête chrétienne remontent à 1606.
Mais c’est le journaliste et homme politique Ludger Duvernay (1799-1852) qui décide de faire revivre cette tradition à partir de 1834. Suite aux rébellions des Patriotes (1837-1838), il invite la population à célébrer la fête nationale des Canadiens-français, ayant pour devise « Rendre le peuple meilleur ».
En 1925, la Saint-Jean-Baptiste est reconnue par la législature comme une fête officielle.
En 1977, le 24 juin devient officiellement le jour de la fête nationale du Québec. La fête n’est plus associée exclusivement à la religion catholique, elle devient laïque.
La Fête nationale du Canada, anciennement appelée Jour de la Confédération puis Fête du Dominion, est célébrée le 1er juillet. Et si la fête tombe un dimanche... alors le jour férié est reporté au lendemain ! Sympa, non ?!
Officiellement, c’est Ô Canada ! qui est l’hymne national du Canada depuis 1980. Cette reconnaissance officielle n’empêche pas de nombreux Québécois de considérer la chanson Gens du pays comme étant presque l’égal de l’hymne national. Pour ces nombreux Québécois, Gens du pays est bien plus qu’une simple chanson : c’est un symbole identitaire fort. Interprétée par Gilles Vigneault, ses paroles ont été écrites en 1975 par Gilles Vigneault et sa musique composée par Gaston Rochon et Gilles Vigneault. Son origine ? Un drôle de défi, lancé par Louise Forestier et Yvon Deschamps pour remplacer la classique chanson d'anniversaire Happy Birthday.
Naissance de l'hymne National du Québec lors que la fête nationale du 24 juin 1975
En 1880, l’Ô Canada est créé à la demande du lieutenant-gouverneur du Québec, Théodore Robitaille. Le poème du juge Adolphe-Basile Routhier est alors mis en musique par Calixa Lavallée, et entonné pour la première fois à Québec, le 24 juin, à l’occasion de la fête de la Saint-Jean-Baptiste.
Avec le temps, cette pièce musicale d’abord composée pour honorer l’histoire des Canadiens français gagne en popularité dans les provinces anglophones du Canada. De nouvelles paroles sont écrites en anglais, notamment par Robert Stanley Weir en 1908. Cette version prend un caractère officiel lors des célébrations du 60e anniversaire de la Confédération canadienne, en 1927.
Bien que l’Ô Canada soit l’hymne officiel, Gens du pays est profondément ancré dans l’identité québécoise et est souvent chanté lors d’événements festifs, notamment pendant la fête nationale du Québec.
Chorale de 75 enfants de l’école Saint-Louis à Pointe-Claire rendant hommage à Gilles Vigneault, 2016
Par ailleurs, l’œuvre Devenir, écrite en 2021 et devenue l’hymne officiel de l’Ordre national du Québec, est parfois mentionnée comme une source d’inspiration pour la création d’un hymne national du Québec.
Au Québec, Gens du pays est chanté lors des fêtes d’anniversaires. Dans le refrain, il suffit de remplacer le mot « ami » par le nom de la personne.
Un territoire aussi arboré que le Québec se devait de faire honneur à Dame Nature. C’est ainsi que le harfang des neiges (Bubo scandiacus), un très gros hibou blanc, devient l’emblème aviaire du Québec en 1987. Cet oiseau au beau plumage et d’une envergure pouvant aller jusqu’à 1,8 m symbolise notamment la blancheur des hivers québécois.
Le bouleau jaune (Betula alleghaniensis Britton), aussi appelé « merisier », s’est ajouté à la liste des emblèmes du Québec en 1993. Ces graines, dotées de deux petites ailes, sont extrêmement légères et peuvent voyager au gré des vents sur de très longues distances.
L'iris versicolore (Iris versicolor), fleur adepte des milieux humides, a lui aussi été adopté comme emblème floral en 1999. Son nom « iris » provient de la mythologie grecque et symbolise l'arc-en-ciel. L’iris, très présente sur le territoire québécois, a une variété de couleurs qui représente très justement la diversité culturelle du peuple.
Depuis 2021, un petit nouveau a fait son apparition : un joli papillon nommé Amiral (Limenitis arthemis). D’une envergure de 5 à 10 cm, il est très présent dans le Nord-Est des États-Unis.
Chaque nation a une série d'emblèmes et de symboles communs à leur peuple : devises, chants, armoiries, fêtes nationales... Faisons un petit tour d'horizon de ceux des nations francophones.